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Pourquoi travailler moins ? Parce qu'on sait qu’on va mourir, pardi !
Je dois bien avouer que la vertu émancipatrice du travail m’a toujours échappé. Être obligée de se lever, souvent trop tôt, pour aller vendre mes services pendant un temps donné et imposé, je n’ai toujours pas cerné ce que ça avait de libérateur. J’ai cependant accepté la contrainte, persuadée de trouver en moi les ressources nécessaires à mon épanouissement et à ma liberté. Un équilibre difficile à atteindre.
😒 D’autant que ma liberté dépend principalement de mon temps libre, qui se résume à peau de chagrin. En bref, je n’aime pas travailler, je n’ai jamais cru que travailler participait à mon émancipation. Je voudrais plus de temps libre… et je ne suis pas la seule !
Ce que les crises ont fait de nous
La crise sanitaire a bouleversé l’organisation traditionnelle de l’emploi. On pense notamment au télétravail qui s’est largement répandu, alors qu’il était quasi inexistant. En novembre 2019, 7,2 % des salariés français pratiquaient le télétravail et "occasionnellement" pour une large partie*. En 2021, les actifs sont 26 % à télétravailler régulièrement*.
😮 On pense aussi aux Etat-Unis et au phénomène The Great Resignation (La Grande Démission) né des suites de la pandémie, à partir de juillet 2021 et qui a vu des millions d’Américains quitter leur emploi (souvent en direct sur les réseaux sociaux), alors même que le taux de chômage était élevé. |
En ce qui me concerne, c’est clair : le travail n’est plus une valeur qui a la cote. Entre épuisement et quête de sens, le vent a tourné. Mais surtout, surtout, la pandémie nous a fait prendre brutalement conscience de notre mortalité 💀. Prise de conscience amplifiée par la crise climatique.
👉 Prenez ces deux crises (sanitaire et climatique), mélangez bien et qu’est-ce que vous obtenez ? Une incapacité à se projeter, une inquiétude quant à l’avenir et donc l’envie de se dire qu’il faut vivre et vivre maintenant, sans devoir attendre la retraite !
La crise a changé notre vision du travail et surtout la place qu’il doit avoir dans nos vies et j’en veux pour preuve les nombreux témoignages qui fleurissent çà et là, de salariés qui ont changé de vie, quitté leur job ou encore ralenti le rythme.**
Comment faire pour travailler le moins possible ?
La question de travailler le moins possible pose en sous-entendu la question de l’argent. Bien souvent, travailler moins, ça veut dire gagner moins. C’est donc tout notre rapport à l’argent et à la consommation qu’il faut revoir.
📣 Mathieu Fleurance, cofondateur du collectif nantais Travailler moins, le résume parfaitement : "Travailler moins, ça suppose gagner moins, Et ça, c’est un sujet tabou. Il va falloir qu’on s’interroge sur notre rapport à l’argent, à la consommation, sur les questions d’acquisition immobilière, sur notre vision de la réussite." Et c’est évident ! L’heure est à la décroissance, l’urgence climatique nous pousse à consommer différemment, à avoir moins d’impact. |
Gagner moins d’argent, c’est donc éviter de consommer à tort et à travers, mais surtout comprendre que l’argent n’est pas le seul moyen pour profiter de la vie. Il faut aussi prendre conscience qu'argent et temps sont intimement liés : plus on travaille et moins on a de temps, donc nous devons déléguer des tâches (repas, garde d’enfants, réparation, etc.) et déléguer nous coûte de l’argent. Avoir plus de temps, c’est donc aussi profiter différemment de son argent 😉.
👉 Et puis la crise sanitaire a montré la corrélation entre travail et pollution. La réduction du temps de travail serait donc une bonne nouvelle à la fois pour les salariés et pour la planète. Alors, travaillez moins et... sauvez la planète !
4 jours ou 32h, en tout cas, less is more
Et puis parfois, on se prend à rêver et le rêve devient réalité : travailler moins et gagner… la même chose ! Pas de recette magique, il s’agit purement et simplement de la semaine de 4 jours. Dernièrement, c’est notre proche voisine, la Belgique qui prend la route de la semaine de 4 jours. De nombreux pays y avaient déjà pensé avant elle, notamment dans le but de soutenir leur économie en perte de vitesse suite à la pandémie.
- La Nouvelle-Zélande pense à une journée off pour favoriser le tourisme local 🧳
- L’Allemagne, le secteur de la métallurgie le propose pour éviter les licenciements 👩🏭
- En Ecosse c’est une promesse de campagne du parti national écossais 🎤
- En Espagne 50 millions d’euros sont déboursés pour accompagner une centaine d’entreprises dans la mise en place de la semaine de 4 jours 💶
Si la France est frileuse sur le sujet, quelques entreprises ont déjà sauté le pas avec des résultats plus que positifs. Mais le blocage culturel est fort et ancien et la campagne présidentielle actuelle fait plutôt la part belle au “travailler plus.” Quoi que, Jean-Luc Mélenchon inscrit dans son programme la semaine de 4 jours et Fabien Roussel, celle de 32 heures. Productivisme ou partage du travail ? L’heure est encore à la lutte et en France, le changement ne semble donc pas être tout à fait pour maintenant. À moins que... La pénurie de travailleurs dans les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie ou encore de la grande distribution n’est-elle pas le signe qu’on ne veut plus d’un travail à n’importe quel prix ?
En janvier l’OMS a ajouté l’épuisement professionnel à la nouvelle Classification internationale des maladies. Ralentir le rythme devient donc un impératif ! Le nombre de burn-out a doublé depuis la pandémie !
Comme un petit besoin de temps morts
Pour les personnes de l’âge de mes parents, les soixantenaires, le travail est bien souvent le socle de la vie, ce qui définit une personne. Nous sommes encore nombreux à considérer que ne pas travailler, c’est gagner moins d’argent certes, mais aussi avoir moins de reconnaissance, moins d’appartenance sociale. Le fameux : tu fais quoi dans la vie ? Difficile donc de prendre la clé des champs.
Si la pandémie nous a donné envie de nous recentrer sur nous et ne plus subir les contraintes du travail, force est de constater que dans cette période trouble, le travail reste encore un refuge. Il ne faut cependant pas nier que la course doit, si ce n’est s’arrêter, du moins ralentir 🙏.
Travailler toujours plus, pour plus de résultats, plus d’argent n’est pas forcément une fin en soi. Nous avons le droit de ne pas avoir d’ambition professionnelle, de ne pas faire de notre carrière une priorité et je suis intimement convaincue que c’est ce que les divers confinements ont fait naître en beaucoup d’entre nous 😊. Un besoin de temps morts, de temps de cerveau vraiment disponible. Alors que les injonctions au bien-être sont de plus en plus présentes, qui a véritablement le temps de s’occuper de soi, d’apprendre à se connaître, de s’octroyer du vrai temps libre ?
Pensez un instant à tout ce que vous pourriez faire si vous ne travaillez pas : apprendre une nouvelle langue, jardiner, lire enfin Ulysse de Joyce, faire du bénévolat ou tout simplement déstresser et profiter de la vie... dès maintenant ! 😊 Et si on n'attendait pas avant de vraiment pouvoir profiter de la vie ?
L'avis de la rédaction : une profonde quête de sensLe Covid aura eu le mérite de nous interroger sur notre rapport au travail et ce qui compte vraiment pour nous. Il n'est pas question ici de faire l'éloge de la paresse mais de revoir ses priorités, son échelle des valeurs, son rapport au temps, à l'argent, sa productivité etc. C'est une quête de sens qui se cache derrière tout ça. Et vous ? Où en êtes-vous face à ces questionnements ? Racontez-nous tout en commentaire ! Et si votre rapport au travail est compliqué, que vous avez la sensation de ne pas trouver votre place, de ne pas vous épanouir, prenez rendez-vous avec un coach afin de faire le bilan et de mettre en place de nouvelles habitudes qui vous permettront d'atteindre vos objectifs. 🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant ! |
Et puis, je ne vous l'avais pas encore dit, mais pour préserver sa santé mentale il faudrait travailler 8h par semaine
Et aussi :
- Génération Y : pourquoi est-elle malheureuse au travail ?
- Éloge de la paresse : et si on passait en mode off ?
Sources : * Télétravail : une évolution, pas une révolution ! - It social
Les chiffres du télétravail en France en 2021 - Hubspot
** «Retourner au boulot? Non merci!»: après la crise sanitaire, ils ne veulent plus travailler - Slate
Et si on bossait moins ? Causette n°130 février 2022