Pourquoi je n'aime pas travailler ?
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai passé ma vie à observer mes parents se lever tôt pour passer la journée en dehors de la maison afin tenter de se payer des choses et quelques jours de vacances. Il ne m’a pas fallu longtemps pour me dire que ce schéma du "travailler pour vivre" ne me convenait pas. Je suis à la limite de sortir mes meilleures excuses pour ne pas travailler. Pour comprendre ce ressenti, je vous explique mon parcours.
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L'obligation d'être productive dès l'enfance
Enfant, je ne détestais pas aller à l’école, même si je trouvais ça long. Pas de méprise, je n’adorais pas ça non plus 😬. Ce que j’exécrais le plus, c’était le travail à la maison. Apprendre, c’est sympa, mais le faire dans le seul but d’avoir une note, ça n'a aucun sens à mes yeux.
Quelques années et des diplômes plus tard, j’ai gentiment rejoint le troupeau de moutons et j'ai cherché du travail. Pour tout dire, j’étais motivée… jusqu’à ce que je m’aperçoive que j’avais un diplôme qui m’avait appris beaucoup, mais qui ne m’aiderait pas à trouver un emploi. Je savais bien que quelque chose clochait ! Malgré tout, je ne lâche pas. Il me faut un CDI. Pourquoi ? Bah comme je l'ai dit plus haut, pour vivre, il faut travailler (et payer le loyer 😅).
L'aliénation du travail
Puis j’ai décroché mon premier CDI. J'ai détesté ce travail, viscéralement. Entre le pervers narcissique qui me servait de patron, la mission totalement insipide que j'avais et les collègues abrutissants... J'ai fini par péter les plombs au bureau et à me dire que je devais changer très vite de job, sinon, j'allais frôler le burn out 😓.
Que dire des boulots suivants ? Rien de mieux. J'étais enfermée dans une routine assourdissante et l’impression constante de perdre son temps entre 8h et 17h. C’est tout le monde du travail que je trouvais vide de sens et néfaste pour ma santé mentale. Pourtant, « le travail, c’est la santé ». On m’aurait donc menti 🤔 ? J’ai alors, timidement, commencé, à parler de cette démotivation à mes proches.
Une valeur trop importante
En parlant du fait que je n'étais plus capable de travailler, je me suis vite aperçue que beaucoup étaient comme moi. La sonnerie du réveil sonnait toujours trop tôt, trop souvent, les journées étaient bien souvent trop longues, les patrons trop tyranniques, les clients pénibles… Bref, je me sentais comprise.
Prise dans mon élan, j’ai commencé à évoquer en vrac l’idée du revenu universel, d'une ferme dans le Larzac et celle de ne plus travailler. Parce qu’après tout, travailler, c’est épuisant et surtout très chronophage. Quelle ne fut pas ma surprise devant les yeux ébahis de mes proches qui pensaient que je blaguais.
Eh oui, si les Français sont bien souvent fatigués, démotivés et critiques au sujet de leur emploi, ils ne sont pas prêts à s’en passer définitivement. Le travail demeure une valeur très importante dans un pays où le taux de chômage est encore très haut.
Le complexe du "tu fais quoi dans la vie ?"
À partir de ce moment-là, je n'ai pas arrêté d'entendre des phrases du type : "Si tu ne travaillais pas, tu finiras forcément par t’ennuyer, et puis un travail, c’est ce qui te permet de te façonner, d’avoir une place dans la société."
Permettez-moi d’en douter 🙃 ! Un travail, dans le meilleur des cas, sert à se payer des choses, c’est vendre son temps libre pour avoir la liberté de s’offrir ce dont on a tous besoin. Je ne me sens pas définie par un travail, d'ailleurs, il y a bien longtemps que je ne supporte plus la question "tu fais quoi dans la vie ?".
En effet, il se trouve que j’ai eu beaucoup de boulots que j’avais du mal à assumer, alors cette question m’a toujours mise mal à l’aise. Je commençais souvent par donner l’intitulé du diplôme dont j'étais le plus fière, avant d’annoncer, sur le bout des lèvres que je vendais des sandwichs ou que j'écrivais des textes pour des guides horaires de bus. Puis, je cherchais sans cesse à justifier cette carrière pitoyable et ce travail qui ne me plaisait pas. J’aurais tellement voulu répondre qu’en ce moment, j'écrivais des nouvelles, que j’étais bénévole dans une association, que je prenais des cours d’histoire de l’art, que je pratiquais la reliure sur livre ou que j’apprenais à faire des entremets 😔.
👉 Alors non ! Le travail m’épuise, ne m’épanouit pas, et pire m’empêche de réaliser les choses que j’aimerais faire. J’ai mille projets en tête, des centaines de livres à lire et j’ai à peine le temps d’aller au sport ou de profiter de mes proches en sortant du travail. Je n’aime pas travailler et j’aimerais vraiment m’en passer. Voilà comment je suis devenue une bête curieuse, une folle qui suscite la méfiance et ne peut pas être prise au sérieux 🥴.
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Peut-on arrêter de travailler ?
Aïe, voilà la question qui fâche, mais que je me suis posée assez rapidement. Si me lever tous les matins pour accomplir une tâche peu passionnante, sous une pression constante, me demande pas mal de courage, il en faut bien plus pour arrêter complètement de travailler. On doit garder en tête deux choses :
- 👉 Il faut réduire ses dépenses et son niveau de vie : On ne va pas se mentir, l’aspect financier est un point très important. Même si le salaire n’est pas haut, la baisse de revenu peut-être assez brutale ! C’est quelque chose qui, inévitablement, s’anticipe, qui dépend du projet que l’on compte mettre en place, des responsabilités que l’on a… Bref, même si l’on réduit drastiquement ses dépenses, sans un petit pécule de côté, ça semble compliqué.
- 👉 Il faut supporter les préjugés : j’en suis persuadée, ne plus travailler permet d’être encore plus actif qu’avant, sauf que, comme nous l’avons vu, la valeur travail est très importante et refuser de jouer son rôle dans la société est très mal perçu. Les autres vous voient comme une flemmarde, une marginale, voire une provocatrice… Jamais comme une avant-gardiste. Dommage !
Arrêter de travailler, je pense que c'est avoir le courage et la sincérité de revoir ses priorités et d'accéder enfin à une forme de développement personnel. Ce n’est pas simple et je ne sais pas si je sauterai le pas un jour, mais si vous vous sentez prêts au changement et à accepter les modifications qui en découlent, pourquoi ne pas oser ?
En tout cas, je pense qu'un bon moyen d'avoir la sensation de ne plus travailler est de faire une reconversion pro et de se lancer dans sa passion. En gros, de faire le boulot de ses rêves, afin d'avoir la sensation de ne plus subir son travail. Ça permet de sortir des codes, de gagner en qualité de vie et de vivre en adéquation avec ce que l'on est. Cependant, ça demande des sacrifices et pour l'heure, il faut choisir de quelle liberté on est prêt à se priver 🤔...
L'avis de l'auteur : le courage de se lancerEnvisager un changement de vie ou de carrière parce qu'elle ne nous épanouit pas, ce n'est pas facile. Entre y penser et le faire, vraiment, il y a un monde. Pensées limitantes, peur de l'échec, peur du jugement des autres, peur de ne pas être à la hauteur, peur de sortir de sa zone de confort, etc. Les raisons sont nombreuses. L'accompagnement d'un psychologue permet de lever ces blocages, conscients ou non afin de réfléchir à un projet de vie qui vous permettra de vous épanouir. N'hésitez pas à prendre rendez-vous.
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Mais aussi :
Un grand merci pour votre partage, je me sens nettement moins seule. Je n'ai jamais trouvé ma place dans ce monde du travail, entre les jalousies et l hypocrisie qui y règnent. De plus, le fait de devoir se fondre dans un moule sociétaire où ton travail définit ta personne...je déteste ça ! Comme ça m ennuie de passer plus de 8h sur ton lieu de travail à faire toujours la même chose..tu arrives chez toi, t es épuisé et t as même plus la force de faire qq chose. Et au vue des coûts de la vie qui augmentent, difficile de baisser son pourcentage et vivre avec moins.
Schana il y a un an
J'ai eu beaucoup de plaisir à te lire tant j'ai trouvé de correspondances à travers notre approche de la vie processionnelle. Tout d'abord il faut te dire que j'avais 17 ans en 1968 et que je me suis nourri des valeurs humanistes d'alors. L'idée phare étant d'assurer la primauté de l'individu sur les valeurs matérielles et de l'écrasant code moral de la valeur travail. Après cinq année passé comme surveillant avec un salaire tout à fait suffisant pour jouir de ma presque totale vacance (plus de cours à la fac) J'ai décidé de passer un concours de la fonction publique et de m'astreindre à ne jamais rechercher la moindre promotion synonyme de plus de responsabilité donc de plus de contrainte. J'ai donc entamé ma vie processionnelle au début des.années 70 dans un lycée où j'étais logé par "nécessité absolue de service". La routine était aussi pesante qu'un ciel de plomb suspendu à 50cm au dessus de.ma tête. Les tâches étant répétitives et ne monopolisant guère le cerveau j'ai pris plaisir à m'intéresser au biotope humain de mon environnement professionnel. J'ai toujours été fasciné par les gens et leur curieuse fragilité qui rappelait qu'ils étaient avant tout des enfants. Leurs confessions me par mettait de partager avec eux cette infinie palette de sentiments, de notre fraternité intime. Et ceci loin des stéréotypes réglant les rapports de la vie quotidienne. Lorsque les couleurs de mon environnement palissaient je demandais ma mutation, m'adonnant à une forme de tourisme administratif à travers toute la France et ceci tous les 3 ans. En 1980 je suis tombé fou amoureux de ma future femme, la grâce absolue de toute ma vie. Sa vision de la vie étant régie par les mêmes valeurs que les miennes et mon salaire nous permettant de vivre tous les deux puis bientôt tous les quatre nous avons continué de suivre le même chemin en privilégiant notre affection mutuelle à toute promotion synonyme d'une aliénation supplémentaire. Mes horaires se limitant à une dizaine d'heure effectives par semaine sur une trentaine d'heure de présence cela nous laissait beaucoup de temps pour nous aimer et profiter de la vie. Toutefois vers les années 2000, la gestion informatisée des personnels et l'optimisation de leurs tâches ont restreint très fortement notre temps de liberté et la fréquentation d'un chef d'établissement pervers narcissique m'a vonduit a prendre mes distances (9 mois de congés maladie). Mais dans le.même temps m'a appris comment me servir des moyens de retrait mis à ma disposition par l'administration. J'ai repris mon travail durant plusieurs années, absurde, étouffant dépourvu de sens et je me suis demandé si j'arriverai à survivre (dans le même temps un collègue s'était pendu dans son bureau et ma meilleure amie pro enchaînait dépression sur dépression. J'ai donc choisi de demander une autre mutation qui me placerait sous les ordre d'une cheffe connue pour ses démélés avec à la fois le rectorat et son propre personnel. Loin d'avoir l'intelligence du pervers précédent celle ci était d'un niveau intellectuel très médiocre ce qui la rendait facilement gérable. Au bout de quelques mois je suis rentré en conflit ouvert avec elle, me suis astreint à un régime draconien pour perdre 15 kg et ai décidé d'arrêter de me livrer à la moindre tâche professionnelle tout en m'appliquant a empreindre mon comportement quotidien d'une bonne dose d'étrangeté. Arrêté pour congé de longue maladie (dépression) pendant 5 ans, j'ai pu atteindre tranquillement la retraite. J'ai bien conscience que sur les presque 40 ans passés dans l'éducation nationale (un peu plus de 30 effectifs) au moins 10 ans ont été des années de souffrance et de lutte, dix ans de perdus de fatigues inutiles. Et pourtant mon idée de gosse au départ était toute simple. Je ne veux pas travailler mais aimer la liberté, la vie et les gens en faisant l'école buissonnière
Luc bertrand il y a 10 mois