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Qu’est-ce que l’hikikomori ?
L’hikikomori fait parler de lui depuis les années 90, notamment parce que le Japon subit une crise économique depuis cette période. Cela traduit un phénomène de repli sur soi et d’isolement social qui touche principalement les hommes, mais la part de femmes a explosé ces dernières années. On définit l’hikikomori comme suivant :
- Les personnes atteintes vivent enfermées chez elles depuis plus de 6 mois sans avoir de contacts avec des personnes extérieures à leurs familles,
- Elles ne travaillent pas et ne font pas d’étude,
- Elles n’ont a priori pas de troubles psychiques connus.
Le dernier point est à remettre en question 🧐. En effet, pour faire baisser les statistiques à propos de l’hikikomori, il est généralement dit qu’il n’y a pas de développement de troubles mentaux. Néanmoins, il peut y avoir une pathologie psychiatrique à l’origine de cet isolement social. De plus, on a bien longtemps attribué ce comportement à l’addiction au web et aux jeux vidéo, mais en réalité, ce n’est pas le cas. Ce sont des facteurs qui contribuent à réduire le besoin de contact avec les autres, mais ils n’en sont pas à l’origine 🎮.
Pourquoi est-ce un phénomène en expansion ?
Au cours de leur vie, 1.2% des Japonais vont connaître l’hikikomori, comme l’explique le neuropsychiatre, Takahiro Kato. Dans un avenir proche, il y aurait près de 1 million de cas au Japon, ce qui aura un impact socio-économique sur le pays. Certains spécialistes parlent d’épidémie, tant le phénomène augmente.
🇯🇵 L’explication à son expansion est simple. Dans un pays où le “karoshi” est présent à cause du présentéisme au travail, il est très mal vu de ne pas participer à l’effort collectif. L’entourage a donc honte et ne pousse pas la personne à consulter. En plus, il y a une indulgence envers la personne qui en souffre et l’entourage préfère laisser la personne “s’épanouir” ainsi.
Un changement profond de la société
Néanmoins, il y a des causes qui interviennent bien avant que la personne ne bascule dans l’hikikomori. Le neuropsychiatre explique que la société japonaise a profondément changé depuis 30 ans. En effet, les modes de vie familiale et sociale ne sont plus les mêmes, ce qui explique la croissance du phénomène. Les parents sont très occupés par leur travail, les grands-parents n’habitent plus sous le même toit, l’enfant se retrouve seul la plupart du temps. Parfois, pour compenser cela, les parents le gâtent, ce qui peut le transformer en enfant roi 👑.
À côté de cela, au Japon, il y a aussi désormais une pression intense du système scolaire et du travail, il faut absolument réussir et exceller 😱. Par exemple, les cours du soir sont monnaie courante, même pour des élèves qui n’ont aucune difficulté. À cette compétition s’ajoute souvent le harcèlement scolaire, ce qui peut détruire psychiquement un enfant.
L’hikikomori est aussi une forme de rébellion. Comme je l’ai dit, le Japon est un pays où la collectivité et le bien commun prennent beaucoup de place. Avec l’essor de l’individualisme, certaines personnes ont besoin de se concentrer sur soi et de ne plus être en contact avec la société 🚪.
L’hikikomori, un phénomène pas uniquement japonais
L’hikikomori est un phénomène surtout observé au Japon, du moins, c’est ce qu’on croyait. Le psychiatre Alan Teo à l’université du Michigan, a été le premier à parler d’un cas d’hikikomori en dehors du Japon. Son patient était un homme de 30 ans qui a vécu reclus pendant 3 dans son appartement. Les cas se multiplient aussi à Oman, en Espagne, en Italie, en Corée du Sud et même, depuis quelques années, en France. Cela a d’ailleurs été le sujet de l’émission “Toute une histoire” :
"Elle reste du matin jusqu'au soir à son bureau..."
Pourquoi est-ce que l’on a des cas d’hikikomori ?
Au-delà des raisons proprement liées à la société japonaise, l’isolement n’est pas un phénomène nouveau. Le psychiatre Serge Tisseron émet l’hypothèse que l’hikikomori serait une manière inconsciente de gérer ses émotions, les conflits et les inquiétudes relatives à l’avenir. C’est un moyen de temporiser et de ne pas reconnaître sa dépression, sa phobie sociale ou encore son ergophobie 😔.
L’hikikomori n’a donc pas de frontière, puisque l’anxiété et la peur du regard des autres sont un sentiment que tout le monde peut expérimenter une fois dans sa vie. C’est un phénomène que l’on voit de plus en plus dans les pays développés et comme le dirait Jiddu Krishnamurti, “ce n'est pas un signe de bonne santé d'être bien adapté à une société profondément malade”. L’hikikomori, c’est une forme de rejet à la participation à cette société bancale.
Comment soigner l’hikikomori ?
6 mois, un an, 5 ans, 10 ans… L’hikikomori peut parfois durer très longtemps. Il est malheureux de constater qu’au Japon, certaines personnes peu scrupuleuses ont monté des business sur les hikikomoris et les familles désespérées. Leur but ? Aller déloger l’hikikomori et le forcer à sortir avec des techniques plutôt brutales. Cependant, ce n’est pas ainsi que la personne va pouvoir vaincre la solitude et ses peurs. Au contraire, cela ne fera que l’enfoncer dans son repli 😥…
Accompagner avec la thérapie
Même si c’est notre société actuelle qui fait naître les hikikomoris, il ne faut pas attendre qu’il y ait une prise de conscience et une aide quelconque. Cela nécessiterait des changements trop profonds et trop complexes, laissant l’individu qui souffre de côté quand même.
Non, le mieux est de mettre en place un accompagnement thérapeutique. Si l’hikikomori n’arrive pas à sortir, certains praticiens se déplacent. Ils mettent ainsi en place soit une thérapie cognitive et comportementale, soit une thérapie EMDR, suivant les problématiques du patient. Cependant, il peut y avoir des cas graves où la santé physique de la personne est en jeu, notamment à cause d’un syndrome de Diogène couplé à l’hikikomori. Dans ce cas-là, il est nécessaire de faire hospitaliser la personne, mais le travail thérapeutique doit être mené en même temps.
L'avis de la rédaction : l'importance d'une thérapie adaptéeVous l’avez compris, l’hikikomori est un phénomène grave qui prend de plus en plus de place dans nos sociétés. Le mieux reste de limiter l’isolement social le plus possible, que ce soit pour soi ou un proche. Dès le départ, l’entourage doit comprendre la souffrance de l’hikikomori et l’encourager à consulter le plus rapidement possible. Si vous avez une question ou suspicion d’hikikomori, n’hésitez pas à vous rapprocher un psychologue. 🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant ! |
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Sources : lemonde.fr / lexpress.fr / Chaîne de Louis-san / wikipedia.org / nationalgeographic.fr