J'ai peur d'avoir peur, comment sortir de cette boucle infernale ?

Qu’est-ce que la peur d'avoir peur ?

Quand on a peur d'avoir peur, il n’y a pas de peur identifiée : on anticipe des sensations et des symptômes ressentis qui sont liés à une anxiété généralisée, comme l'explique le psychiatre Christophe André. En effet, il n’y a pas de stimulus extérieur qui symbolise une vraie raison de déclencher la peur 🤔.  

En réalité donc, la peur d'avoir peur c'est une anticipation anxieuse d’être confronté à une situation stressante. La conséquence ? On ressent le moindre signe associé à la peur : palpitations, vertiges, tremblements, sueurs froides, sentiment de malaise, etc. 

Cela peut entraîner des crises d’angoisse si la panique n’est pas maîtrisée. On entre alors dans un cercle vicieux où plus on appréhende ces symptômes, plus ils s'amplifient... D'ailleurs, c'est ce qu'explique la psychologue Delphine Py sur la vidéo de McFly et Carlito à propos des phobies : en réalité, on a plus peur de ce que l'on va ressentir. 

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Les signes de cette anxiété envahissante

C'est bien simple, comme on redoute d’avoir peur, on va avoir beaucoup de mécanismes de défense et on va éviter toutes les situations stressantes 😅.

"Les conduites d'évitement, pour ne pas ressentir l'anxiété redoutée, vont envahir progressivement l'existence, dans une spirale sans fin." - Christophe André

En plus de cela, on aura toujours peu confiance en nos capacités d’action face à des situations délicates. On préfère donc rester en retrait, ce qui donne l’impression qu’on manque de volonté, mais il s’agit juste de la peur qui nous paralyse 😕.

👉 D'ailleurs on est considéré comme "phobophobe" (autre appellation de la peur d'avoir peur) lorsque l'anxiété :

• Persiste plus de 6 mois ;
• Est complètement disproportionnée vis-à-vis de la situation réelle ;
• Nuit au fonctionnement social ou professionnel.

Pourquoi a-t-on peur de tout ?

Les origines de la peur d'avoir peur sont multiples et varient selon les individus. On peut cependant identifier plusieurs facteurs qui favorisent le développement de cette anxiété particulière :

• Un terrain anxieux préexistant 💭 : on retrouve souvent ce trouble chez des personnes ayant déjà une prédisposition à l'anxiété ou ayant traversé des périodes d'anxiété intense par le passé. Comme le souligne le psychiatre Antoine Pelissolo, "l'anxiété anticipatoire se développe fréquemment chez des patients souffrant de troubles anxieux, en particulier le trouble panique".
• Une expérience traumatisante 💥 : avoir vécu une attaque de panique ou une sensation de perte de contrôle peut marquer profondément et amener à redouter intensément que cela se reproduise. 
• Des facteurs de stress importants 🌪️ : une période de vie particulièrement stressante ou des événements difficiles peuvent fragiliser et rendre plus sensible au développement de ce type d'anxiété. 
• Des schémas de pensée anxieux 🔄 : la tendance à interpréter de façon catastrophique les sensations physiques et à entretenir des croyances anxieuses ("je ne vais pas supporter cette sensation", "je risque de perdre le contrôle"...) alimente ce trouble. Comme le décrit le psychiatre Dominique Servant, "certains schémas cognitifs dysfonctionnels, souvent mis en place de longue date, sont au cœur de l'anxiété anticipatoire".

Ainsi, on voit que l'installation de la peur d'avoir peur résulte souvent d'une conjonction de facteurs de vulnérabilité et d'événements déclenchant 😥. Mieux comprendre les mécanismes sous-jacents permet d'orienter la prise en charge thérapeutique.

Les solutions pour se détacher de la peur 

En parlant de prise en charge, comment peut-on soigner la peur d'avoir peur ? Comme il s'agit de pensées envahissantes, la technique thérapeutique la plus recommandée est la thérapie cognitivo-comportementale. Comme l'explique Christophe André, la TCC permet une guérison ou amélioration significative dans 70 à 80% des cas. 

Cependant, il n'y a pas que la TCC, on peut s'appuyer aussi sur d'autres leviers thérapeutiques :

👉 L'exposition graduée : on apprend progressivement à faire face aux sensations redoutées, en s'exposant volontairement à des situations qui les déclenchent, d'abord à faible intensité puis de plus en plus fortement. L'exposition répétée et prolongée aux stimuli anxiogènes, dans un cadre sécurisant, permet de développer une habituation et de réduire peu à peu l'anxiété souligne le psychologue, Antoine Pelissolo.

👉 La restructuration cognitive : on travaille à modifier les pensées catastrophistes et les croyances anxieuses qui alimentent la peur. Selon le psychologue Stéphane Rusinek, "il s'agit d'aider le patient à corriger ses interprétations erronées, en l'amenant à considérer des perspectives alternatives et plus réalistes".

👉 Les techniques de relaxation et de pleine conscience : en apprenant à se détendre et à accepter les sensations sans chercher à les contrôler, on réduit l'hypervigilance anxieuse.

👉 La psychoéducation : comprendre les mécanismes de l'anxiété et de la panique aide à les dédramatiser. Pour Dominique Servant, une explication claire du cercle vicieux de l'anxiété permet au patient de mieux comprendre ce qui lui arrive et de devenir acteur de sa guérison.

Dans certains cas, un traitement médicamenteux peut être associé à la psychothérapie, notamment en cas de symptômes très intenses 💊. Mais l'essentiel du travail réside dans l'apprentissage de nouvelles façons de réagir face à l'anxiété. Avec de la pratique et un accompagnement adapté, on peut progressivement dépasser cette peur et retrouver une vie plus sereine.

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Sources : "Psychologie de la peur: Craintes, angoisses et phobies" de Christophe André // "La Peur d'avoir peur" de Andrée Letarte, André Marchand, Amélie Seidah