Alexithymie : quand il est trop difficile d’exprimer ses émotions

Mis à jour le par Camille Lenglet

“Y a d'la joie, partout y a d'la joie, tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle”. En voilà un qui arrive à exprimer ses émotions sans mal ! Charles Trenet, comme beaucoup de chanteurs, a su décrire ce qu’il ressentait grâce à la musique. Si certaines personnes arrivent à bien exprimer leurs émotions, d’autres en sont incapables et cela porte un nom : l’alexithymie. Comment ça se caractérise ? En quoi est-ce problématique ? Parlons-en.

Alexithymie : quand il est trop difficile d’exprimer ses émotions

Qu’est-ce que l’alexithymie ?

Le psychologue, Peter Sifneos, a été le premier à introduire le terme "alexithymie" en 1972. Il a déclaré que les patients alexithymiques ont une difficulté à identifier et à décrire leurs sentiments. Cependant, la problématique ne s’arrête pas là. Une personne alexithymique aura du mal à reconnaître les émotions chez les autres, comme l'explique le chercheur R. Michael Bagby, ce qui est aussi caractéristique des personnes ayant le syndrome d’Asperger

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Ne pas avoir conscience de ses émotions est problématique à bien des niveaux. Cela entraîne des difficultés dans les relations, puisqu’il est impossible d’établir une communication stable et de bien se comprendre.

De plus, cela peut avoir un impact sur notre santé 😥 ! En effet, lorsqu’on garde nos émotions, elles nous rongent bien souvent de l’intérieur. On finit par manger ses émotions ou les somatiser. C'est-à-dire, qu’on finit par avoir des symptômes physiques réels à cause de la mauvaise gestion de nos émotions

Comment apparaît l'alexithymie ?

Les causes de l'alexithymie ne sont pas totalement connues, mais il y a souvent un facteur environnemental. Cela se joue souvent dans l’enfance et s’explique dans la théorie de l’attachement 🤔. Le modèle montré par les figures d’attachement est déterminant, cela forge la personne que l’on est et la relation que l’on a aux autres. 

L’alexithymie se développe donc lorsqu’on rencontre des troubles de l’attachement comme un abandon parental, des parents peu présents, un divorce difficile, etc. Les blessures émotionnelles, comme la peur du rejet ou encore de l’abandon, sont aussi responsables de l’apparition de l’alexithymie 😔. L’enfance est une période charnière où peuvent se dérouler beaucoup de choses qui vont impacter la façon dont on se perçoit et la façon dont on perçoit ses émotions. 

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Comment savoir si on est alexithymique ?

Quand on n’a pas conscience de ses émotions, il est impossible de prendre un peu de recul. Eh oui, on a des difficultés, mais on ne sait pas pourquoi ! Voici donc quelques points à identifier pour savoir si oui ou non, on est alexithymique : 

L’impossibilité de reconnaître ses émotions

Quand on est alexithymique, on bouillonne bien souvent. Soit, on a des sensations agréables qui correspondent aux émotions positives, soit on a des sensations désagréables qui correspondent aux émotions négatives. Toutefois, on n’arrive pas à établir une connexion entre notre état d’âme et une émotion particulière. 

👉 Certaines personnes arrivent à identifier les émotions primaires, mais ne sont pas capables d’aller en profondeur, vers les émotions secondaires. Il n’est pas non plus possible de décrire une intensité. 

Des symptômes physiques violents 

Trouble du comportement alimentaire, eczéma, asthme, hypertension, troubles du sommeil… C’est une liste non exhaustive des symptômes physiques que provoque l’alexithymie. Bien souvent, on se focalise sur ces facteurs, car ils sont visuels et présents, sauf que c’est bien la difficulté à verbaliser nos émotions qui provoquent ces symptômes

👉 Par exemple, une personne qui s’enferme dans la colère et la contrariété, mais qui ne les communiquent pas, est plus à risque de développer un problème de santé comme un ulcère de l’estomac 😰. 

Une empathie basse 

Comment peut-on se mettre à la place des autres pour ressentir ce qu’ils éprouvent quand soi-même, on n’arrive pas à se comprendre ? C’est bien entendu impossible.

C’est un reproche qui est souvent fait aux personnes alexithymique : elles ne sont pas assez empathiques. On ne peut pas ressentir les émotions des autres et se sentir réellement concernés par leurs préoccupations. Certaines personnes perçoivent une charge émotionnelle, mais n’arrive pas à la partager, ce qui est mal perçu de la part de l’entourage. En apparence, on passe pour une personne très égoïste. 

Peu de communication verbale

Lorsqu’on manque de mots pour décrire une situation, une sensation ou un souvenir, on préfère ne pas parler du tout. L’inverse est aussi vrai, on a du mal à comprendre ce qu'autrui veut dire et transmettre. Par conséquent, on a moins d’interactions et de liens sociaux, car on rencontre trop de difficultés à s’exprimer.

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Un manque d’expression

Si des symptômes physiques peuvent se manifester, en revanche, une personne alexithymique n’aura pas d’expression marquée. Impossible pour elle de se mettre à pleurer à chaudes larmes ou de rire aux éclats. Les réactions sont lisses, leur corps limite rigide, parce que leurs émotions sont trop enfouies. 

Une intuition peu développée

Les personnes alexithymiques auront peu d’intuition et vont préférer se focaliser sur un raisonnement construit, même s’il peut apparaître comme étant illogique aux yeux des autres. La vision très pragmatique aide quand on ne sait pas reconnaître ses émotions, car elle donne un cadre à suivre qui paraît plus concret que la “petite voix intérieure”.

Des relations sociales bancales

C’est autant une conséquence qu’un symptôme. Les relations sociales bancales, voire l’absence de relations, sont caractéristiques d’une personne alexithymique. Beaucoup de personnes interprètent le manque de considérations dû à la mauvaise compréhension des autres à un désintérêt. Ce n'est pas le cas, mais la plupart des gens préfèrent fuir, car ils ont la sensation de ne pas être écoutés.

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Comment soigner l'alexithymie ?

Au vu des conséquences de l’alexithymie, il est légitime de se demander comment en sortir. Il est d’abord nécessaire de voir s’il n’y a pas de troubles psychiques associés à ce comportement. La dépression, les troubles autistiques, ou bien encore la psychose sont des troubles souvent associés au fait de ne pas identifier ses émotions. Dans ce cas-là, il faut traiter la maladie ou le trouble, plutôt que l’alexithymie

Si on n’entre pas dans ce spectre, il va être nécessaire de faire un travail de prise de conscience et de remise en question pour comprendre d’où vient ce comportement. Comme dit précédemment, l'alexithymie prend place dans l’enfance. Il est donc nécessaire d’identifier ce qui a pu nous faire adopter ce comportement. 

Néanmoins, cela reste très complexe de le faire sans accompagnement. Qu'il y ait une maladie psychique ou pas, la thérapie est particulièrement importante. En effet, l'objectif d'un suivi permettra de combler le déficit émotionnel en permettant à la personne de se reconnecter à ses ressentis. Plusieurs types de thérapies existent, mais celle qui convient le mieux est la thérapie cognitive et comportementale (TCC). Elle permet au patient alexithymique de décoder peu à peu ses différentes émotions et de se reconnecter totalement à lui-même.

L'avis de la rédaction : une trop grande perturbation 

Lorsqu’on voit que l’on a vraiment de grosses difficultés à exprimer ses émotions, il faut agir rapidement. Plus le temps va passer, moins le comportement distant sera pardonné par l’entourage, ce qui peut conduire à un isolement. Sans compter les autres troubles qui sont amenés par l'alexithymie. Si la mauvaise compréhension des émotions est un problème que vous rencontrez, n'hésitez pas à consulter un thérapeute. Ensemble, vous pourrez identifier la cause et ainsi avancer pour rétablir la connexion à vos émotions. 

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Mais aussi : 

Sources : "Alexithymia: concept, measurement, and implications for treatment" par Peter Sifneos // "The Toronto Alexithymia Scale: relationship with personality and psychopathology measures" par R. Michael Bagby, Graeme J. Taylor et James D. A. Parker

Article proposé par Camille Lenglet

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15 avril · Wengood

8:57


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