Education non genrée : est-elle vraiment possible à appliquer ?

Mis à jour le par Camille Lenglet

Les filles aiment le rose, jouer aux poupées et sont nulles en maths. Les garçons aiment la guerre, jouer aux foots et ne pleurent jamais. N’importe qui a déjà été confronté à ces stéréotypes et ce, à peine sorti du berceau. N'est-ce pas insupportable ? Je sais que, lorsqu’on n’a pas d’enfants, on est rempli de principes, mais s’il y a bien une chose que je veux faire, c’est une éducation non genrée avec mes (futurs) enfants. Mais est-ce vraiment possible dans notre société patriarcale ? Comment échapper à ses clichés qui ont des conséquences néfastes sur les enfants ? Explication.

Education non genrée : est-elle vraiment possible à appliquer ?

Qu’est-ce que l’éducation non genrée ?

Nous traitons les petits garçons et les petites filles différemment, c’est un fait 😶. Vous savez, c’est lorsqu’on dit à une fille qu’elle est belle et à un petit garçon qu’il est fort. Même si ces remarques ne sont pas choquantes, elles restent genrées. Elles font comprendre aux enfants la construction sociale de ce que c’est "être un homme" ou "être une femme". Sauf que ces rôles ne sont pas innés et n’ont aucune base biologique, c’est juste un héritage culturel 🤷‍♀️.

Pour lutter contre cela, l’éducation non genrée fait en sorte d'effacer cette distinction entre les garçons et les filles. Elle est non-sexiste et égalitaire et permet de proposer des activités variées, indépendamment du sexe de l’enfant. Elle donne la possibilité à l’enfant d’exprimer son caractère individuel sans vouloir correspondre à ce qu’on attend de son genre. 

Même si la société considère que c’est un sport de garçon, les filles peuvent faire du foot ⚽. Après tout, nous avons aussi deux bras, deux jambes et une tête en tant que femme ! Un garçon a tout à fait le droit d’exprimer ses émotions, cela permet même d’éviter la masculinité toxique 😫…

Pourquoi est-ce que l’éducation genrée est négative ?

Selon une étude de 2020 “How Preschoolers Associate Power with Gender in Male-Female Interaction” menée entre la France, la Norvège, le Liban et la Suisse, les enfants, dès l’âge de 4 ans, associent le pouvoir et la domination à la masculinité. C’est une conséquence du poids des stéréotypes dès le plus jeune âge 😥…

J’ai commencé à amorcer les problématiques liées à l’éducation genrée avec la construction d’hommes qui se considèrent comme des mâles alpha (oui oui, comme "alpha" comme les animaux 😅). En fait, ce type d’éducation et les stéréotypes qui en découlent vont interférer avec l’épanouissement de l’enfant

Pire encore, elles les enferment dans des inégalités entre les hommes et les femmes, une fois devenus adultes. Les répercussions auront lieu tout au long de la vie sur : l’orientation scolaire, la charge mentale, l’ambition professionnelle, le harcèlement de rue, le male gaze, etc.

Un moule imposé jusqu'à la sexualité

👉 Les stéréotypes de genre ont même des répercussions sur l’orientation sexuelle 😔. Si le poids des normes n'était pas aussi écrasant, je pense que beaucoup de personnes ne se poseraient pas la question d'aimer un genre, mais une personne. Il y a une majorité de personnes hétérosexuelles, car c’est une norme donnée pendant l’enfance. “Alors, tu as un amoureux à l'école ?” dit-on à une petite fille et dans le cas d’un petit garçon, une amoureuse 🤐. 

Il est extrêmement complexe de sortir de ce cadre à l’adolescence, en particulier dans les familles qui ne sont pas déconstruites autour du genre. D’où la difficulté à faire un coming out ou à savoir si on est transgenre

Peut-on vraiment échapper aux stéréotypes de genre ?

Il est vraiment difficile d’échapper aux stéréotypes, même si on se considère comme woke et déconstruite. Même si j’ai pour désir d’élever mon futur enfant dans une éducation la moins genrée possible, il y a parfois des clichés associés à un sexe qui sont profondément ancrés en nous. Cela peut se matérialiser dès la grossesse notamment. Dans l'avenir, j’ai peur d’être déçue par l’annonce du sexe du bébé 😥. Inconsciemment, on projette tout un tas de choses et le genre influence forcément nos pensées. J’espère que, quand le moment viendra, j’aurais réussi à me détacher de toutes ces pensées qui sont fortement influencées par les clichés.

Puis au-delà de notre propre déconstruction, il y a tout ce qui est extérieur au foyer. J’ai eu beau grandir avec des parents qui faisaient un maximum pour répartir les tâches et ne pas faire de différence, j’ai quand même pris le pli des stéréotypes pendant mon enfance et mon adolescence. Toute la société dit aux enfants comment se conduire en fonction de leur genre et le meilleur exemple pour illustrer cela, ce sont les jouets.

Les jouets, l’apothéose du genre

Selon une étude américaine publiée en 2015 dans la revue Psychological Science, les jouets pour garçons ont davantage tendance à stimuler leurs capacités cognitives et leur réflexion. Du côté des filles, elles sont complètement sous-représentées pour ce type de jouets. On oriente plutôt les petites filles vers les jouets d’imitation domestiques, comme les dînettes en plastique, les kits de ménage… L'association, Pépite Sexiste, qui sensibilise aux stéréotypes dans le marketing, trouve d'ailleurs tous les jours un tas d’exemples qui illustre bien l’étude. Voici d’ailleurs une pub d’une grande enseigne de magasins pour ce Noël 2022 :

Une pub montrant un garçon jouer au docteur et une petite fille en train de se maquiller

Image tirée d'un tweet de Pépite Sexiste.

👉 Deux jouets d’imitation certes, mais le petit garçon est poussé à devenir médecin tandis que la petite fille doit se faire belle… Bienvenue en 1955 🤦‍♀️ !

Comment faire face ?

Oui, on aura beau tout faire pour donner une éducation la moins genrée possible, la société nous rattrapera toujours. Mais l’important n’est-il pas de faire de son mieux 🤔 ? Les enfants sont des éponges, alors si on a déjà le bon comportement à la maison, cela fait déjà une grande différence. On peut aussi essayer d’en parler avec le reste de la famille et l’entourage proche, pour éviter que mamie ne lui offre un jouet bien stéréotypé au prochain Noël 😅.

Toutefois, la plus grande clé reste le dialogue avec l’enfant, on peut lui expliquer qu’il peut tout faire et faire ce qu’il aime, peu importe si c’est un garçon ou une fille. Notre petit garçon veut une Barbie ? Allons-y gaiement ! Mais s’il subit des remarques, il ne faut pas hésiter à répondre pour lui et à réagir en cas de harcèlement scolaire de la part des autres enfants. De manière générale, l'idée de l'éducation non genrée est d'encourager les enfants à se bâtir une identité propre en leur ouvrant tous les champs des possibles et en ne tenant pas compte des injonctions et du regard d’autrui.

Une évolution lente, mais une évolution

De plus, à l’échelle de la société, les mentalités commencent à évoluer. Certes, lentement et il y a encore beaucoup de stéréotypes, mais les associations comme Pépite Sexiste font bouger les choses grâce à leur action 👏. Même le compte du groupe a reconnu que ce n’était pas normal et à retirer sa publicité :

Réponse de Lidl pour la publicité : Merci pour votre signalement, en effet on peut mieux faire. On met en pause la campagne et on revient avec un nouveau visuel.

D’ailleurs, de plus en plus de pays réforment l’industrie du jouet pour faire en sorte qu’elle soit moins sexiste. L’Espagne a récemment interdit la publicité de jouets genrés depuis 2019 par exemple. En 2020, l’Union européenne et ses États membres se sont engagés à combattre les inégalités et favoriser une éducation visant l’égalité, l’équité et la non-discrimination. Peu à peu, l’éducation non genrée se repend et les mœurs changent, ce qui ne peut qu’être rassurant. Et puis si les gens ne sont pas contents, il faut apprendre à se détacher de leurs avis 🚮.

Se détacher des conventions et du regard des autres

En fait, le plus gros challenge de l’éducation non genrée, c’est d’apprendre à se détacher du regard des autres. Les gens qui désapprouvent cette éducation positive sont généralement très protecteurs de l’éducation très traditionnelle qu’ils ont reçue. Il est difficile pour eux de se remettre en question et de se détacher de la norme, car elle peut être rassurante. Plus on correspond à la norme, moins on risque d'être marginalisé ou injurié selon ces personnes... 

C’est pourquoi, pour notre bien et celui de nos enfants, nous devons prendre du recul. En matière d’éducation, il y aura toujours quelqu’un qui jugera, voire qui critiquera notre manière de faire. Cependant, croire en ses propres capacités est important et même si tout n'est pas parfait en matière de genre, on fait de notre mieux. Et c'est déjà beaucoup !

L'avis de la rédaction : chacun ses goûts !

Avec l'éducation non genrée il est question de laisser l'enfant faire ses expériences et de décider ce qu'il préfère. Si votre petit garçon adore jouer aux poupées, c'est OK, et si son truc c'est plutôt les tracteurs, c'est OK aussi ! Vous aurez compris le principe. Si l'éducation est problématique, que vous vous sentez perdue parfois ou que vous avez peur de reproduire des schémas familiaux, même inconsciemment, n'hésitez pas à prendre rendez-vous avec un psychologue afin de faire le point.

🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant !
#BornToBeMe

Contacter un psychologue

Mais aussi :

Sources : cnrs.fr / neonmag.fr / education.gouv.fr

Article proposé par Camille Lenglet

⭐ Mon rêve de bonheur : Me sentir libre dans ce que je fais.

Nos derniers articles

"J'ai changé d'avis" une preuve de force de caractère !

On dit qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et je suis plutôt d'accord avec la formule. Reconquérir son ex pour finalement se rendre compte qu'on ne l'aime plus, décider de devenir vegan après avoir mangé de la viande à tous ses repas, dire non le jour du mariage, etc. Certaines volte-face sont plus difficiles que d'autres, plus risquées aussi, mais changer d'avis ça arrive, ce n'est pas grave et au contraire, le dire et l'assumer c'est avoir une sacrée force de caractère ! Et ça, on adore !

Comment sortir de la dépendance affective ? Elément de réponse

J’ai longtemps été dans la dépendance affective. Je ne voulais pas rester seule, j’avais besoin d’aimé et surtout d’être aimée en retour pour me sentir bien. J’avais l’impression que ça me complétait et que ça me permettait d’être heureuse. Sauf que bien souvent je me suis enfermée dans des relations toxiques… Heureusement aujourd’hui je suis sortie de cela. Comment j’ai fait pour sortir de ma dépendance affective ? Je vous explique, en espérant que ça vous aide.

Quel style d'attachement amoureux êtes-vous ? Faites le test !

“Je ne sais jamais où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne”. J’aime tellement cette citation d’Alfred de Musset, car elle illustre parfaitement ce que je ressens pour ma relation. C’est aussi un bon moyen de comprendre quel est mon style d’attachement amoureux ! Prendre connaissance de la manière dont on s’attache aux autres, notamment dans la relation amoureuse, peut nous aider à comprendre notre fonctionnement et celui de notre partenaire. Explications.

Un challenge pour réduire ses dépenses, notre bilan de mars !

À partir du 15 du mois, c’est la galère financière pour beaucoup d’entre nous, moi la première ! Alors pour éviter de se retrouver dans le rouge, on a réfléchi avec l’équipe de rédaction à un petit challenge pour réduire nos dépenses inspiré du “no spend february”. C’est parti pour avoir de nouveau nos comptes en vert !

L'incompétence stratégique au travail : comment y échapper ?

“C’est dans quel dossier déjà que je dois poser ces vidéos ? Et ça marche comment d’ailleurs pour faire les vidéos ? Tu peux m’aider ? Vraiment je galère…”. Ces mots et cette situation, je pense qu’on l’a tous et toutes rencontré au boulot. Parfois les gens sont vraiment perdus, parfois on a la sensation qu’il y a un manque de motivation et qu’ils n’ont tous simplement pas envie. C’est précisément ce qu’est l’incompétence stratégique. En quoi c’est problématique ? Explications.

Dire "merci" plutôt que "désolée" va changer votre vie

Est-ce que vous avez déjà compté le nombre de fois où vous vous excusez par jour ? "Désolée d'être en retard", "Désolée pour le dérangement", "Désolé je me répète". Toute la journée, on semble n'avoir que ce mot à la bouche. On a sans cesse l'impression de devoir nous excuser. Nous excuser de déranger, d'être là, de parler, d'exister en fait ! Et si à la place, on disait "merci" ? Petit guide pour remplacer l'excuse par la gratitude et voir la vie autrement.

Les podcasts Wengood

Des podcasts avec du bonheur dedans parce qu'il est temps de penser à soi ! Retrouvez nos podcasts en intégralité ici.

Comment demander/ accepter de l'aide ? [Dr JEAN DORIDOT, Psychologue et hypnothérapeute]

21 mars · Wengood

8:07


Retrouvez-nous sur Youtube

Yoga, coaching, cuisine, rencontres etc... Bonnes vibrations en libre-service ! Allez hop, on s'abonne !

Retrouvez-nous sur Youtube