Comment trouver le courage de parler après avoir vécu le pire ?

Mis à jour le par Camille Lenglet

Nous avons une vie normale et voilà que tout peut basculer du jour au lendemain à cause d’une agression. Qu’elle soit physique ou sexuelle, on n’est plus jamais la même. Il est difficile de faire face au traumatisme et encore plus de dénoncer cet acte immonde. Pourtant, certaines femmes le font, comme Sarah Abitbol ou encore Florence Porcel. Comment ont-elles eu le courage de parler après l’innommable ? C’est la question que l’on s’est posée et dont on a eu envie de parler, pour aider des victimes à ne pas rester dans le silence.

Comment trouver le courage de parler après avoir vécu le pire ?

Le tsunami de la violence

En 2020, les déclarations de l’ancienne championne de patinage artistique, Sarah Abitbol, ont provoqué un tsunami dans le monde du sport français. Elle a en effet parlé des viols répétés qu’elle a subis entre ses 15 et 17 ans, commis par Gilles Beyer, son entraîneur. France 2 avait diffusé d'ailleurs un documentaire dénonçant ce qu'elle a traversé “Un si long silence” :

Affiche du documentaire "un si long silence"

“Un si long silence” documentaire à regarder en replay

Une autre affaire qui a fait aussi beaucoup de bruits, c'est l'affaire PPDA. Florence Porcel, est la première femme à avoir porté plainte contre l’ancien présentateur du JT de TF1, Patrick Poivre d’Arvor en février 2021. Elle a été violée deux fois par PPDA, une fois en 2004 et une autre fois en 2009. Suite à sa plainte, beaucoup d’autres ont suivi. Aujourd'hui, 27 femmes se sont unies pour dénoncer les crimes de PPDA.

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Vidéo de Médiapart réunissant la plupart des victimes de PPDA.

Une prise de parole difficile

Les dates ne mentent pas, il a fallu beaucoup de temps à ces femmes pour parler de leurs agressions. Il y a plusieurs raisons qui font que l’on n’en parle pas juste après avoir subi un acte d’une violence inouïe. La première raison est liée à l’instinct de survie, la mémoire est occultée par notre cerveau pour nous préserver. C’est un mécanisme de défense bien connu des psychologues, cela porte le nom d'amnésie traumatique ou dissociative. Elle peut durer de quelques minutes à plusieurs décennies.

👉 Cependant, elle n’efface pas le syndrome de stress post-traumatique, qui lui est bien là. C’est ce qui est arrivé à Sarah Abitbol qui a tout oublié pour survivre, elle a eu des flashs réminescents à l’âge de 27 ans, soit plus de 10 ans après les faits.

Le poids de la culpabilité

Le déni peut s’installer pendant longtemps et lorsqu’il disparaît, il peut laisser place à un poids très lourd à porter : la la culpabilité. Le Dr Muriel Salmona, psychiatre et psychotraumatologue, explique que la culpabilité se produit dans le cas d’une agression lorsqu’on ne se débat pas. Sauf que ne pas se débattre signifie être consentante 😰! 

C’est en réalité un processus de sidération, on est paralysé par la violence de l’acte. Cela influence le sentiment de culpabilité, même s’il n’a pas lieu d’être. Parfois, l’agresseur participe à la naissance de ce sentiment, en rabaissant la victime et en lui faisant croire qu’elle n’est rien et qu’elle mérite ce qu’il lui arrive…

La peur de l’agresseur

La parole est très difficile à prendre, en raison de ces biais psychologiques. Toutefois, il peut y avoir d’autres raisons qui bloquent la victime à porter plainte ou parler de son traumatisme 😔. On le voit à travers les deux affaires présentées, Sarah Abitbol a mis plus de 30 ans à parler par peur de son entraîneur

C’est aussi le cas dans l’affaire PPDA, certains faits remontent à 1985 et pourtant, ce n’est qu’aujourd’hui que les victimes parlent. La peur de l’agresseur est très forte, car il représente l’autorité et le pouvoir. Il y a aussi la crainte de ne pas être crue, de subir des représailles, de briser son avenir professionnel et personnel, de s’épuiser pour avoir justice

Une reconnaissance du traumatisme

Oser parler de ce qu’on a vécu, c’est un moyen d’avoir une reconnaissance du traumatisme et de son statut de victime. Les psychologues, Richard Tedeschi et Lawrence Calhoun, expliquent qu’un traumatisme est comme un tremblement de terre. Les structures fondamentales de notre esprit s’effondrent face à la magnitude de l’impact. Plus le choc émotionnel est violent, plus on va être contrainte à se reconstruire entièrement 💔. Libérer la parole peut donc être un processus pour aider cette reconstruction et d’ainsi, se libérer toutes les émotions négatives accumulées.

"Ma plus belle médaille d’or olympique, c’est de pouvoir marcher la tête haute maintenant. C'est une renaissance. Je dévore la vie petit à petit.” Sarah Abitbol

Briser l’omerta sur la violence

“La honte doit changer de camp”, c’est l’un des slogans des campagnes qui dénoncent les violences sexuelles. Ces mots peuvent être appliqués à toutes les victimes, peu importe la violence subie. C’est l’agresseur qui doit ressentir la honte et la culpabilité, pas l’agressé⸱e. Parler, c’est donc un moyen de briser cette omerta pour renverser la situation. Plus il y aura de témoignages et de plaintes déposées, plus les agresseurs comprendront que leurs actes sont punissables. 

👉 D'ailleurs, les révélations de Sarah Abitbol ont secoué le monde sportif. Une plateforme d'écoute sur les violences sexuelles dans le sport a été mise en place et 400 personnes ont été mises en cause grâce au livre de l'ancienne patineuse.

Parler pour aider les autres victimes

De plus, c’est un moyen de faire de la prévention et de la sensibilisation. Sarah Abitbol explique qu’elle a d’ailleurs trouvé le courage de parler grâce au film de Flavie Flament “La consolation”. Les victimes de PPDA ont porté plainte grâce à celle de Florence Porcel. Toutes ensemble, elles ont pu s’unir pour faire face à cet homme. Parler, c’est donc prouver aux autres victimes qu’elles ont le droit de s’exprimer . Parler, c’est aussi trouvé des personnes qui ont le même vécu et qui comprennent la souffrance ✊.

"Ma petite notoriété et cette visibilité après la sortie de mon livre sont une aide précieuse pour un bon nombre de filles et de garçons qui se reconnaîtront dans ce combat. Pour les parents également, pour faire de la prévention.” Sarah Abitbol.

Le chemin de la reconstruction

L'une des plus grandes motivations qu’une personne ayant subi une agression puisse avoir est de faire évoluer la loi. Florence Porcel a porté plainte pour deux viols, mais le premier est sous prescription. Tout comme ceux qu’a vécus Sarah Abitbol qui désire plus que tout que la loi contre l’imprescribilité des crimes sexuels passe. Cela permettrait une meilleure reconnaissance des victimes... Tout comme il est nécessaire que l’amnésie traumatique soit reconnue, puisque cela fait partie du processus de défense suite à une agression. 

😢 On peut oublier pendant 10 ans, 20 ans, 30 ans ou plus et n’avoir aucune possibilité de recours en justice... Ce qui ne facilite pas le chemin de la reconstruction.

Se libérer du poids du silence

Il n’existe pas de bonne façon de parler d’une agression. Cependant, ce qu’il faut retenir, c’est qu’il faut le faire pour sa santé psychique. Si nos croyances et nos valeurs se sont effondrées suite au séisme du traumatisme, un accompagnement psychologique peut être l’une des clés. C’est un moyen de se reconstruire et de retrouver la confiance en soi détruite. 

👉 C’est la lueur d’espoir que nous enseigne le documentaire sur Sarah Abitbol, parler lui a permis de se libérer d’un poids destructeur et du silence.

L'avis de la rédaction : avancer à son rythme

Trouver le courage de parler quand on a vécu un traumatisme, ce n'est pas facile et cela peut prendre du temps, des années parfois. Une fois que la parole libérée, c'est un immense soulagement, une renaissance pour les victimes même si ce n'est pas simple. Il est important de s'écouter, d'avancer à son rythme et surtout, d'être accompagnée. N'hésitez pas à prendre rendez-vous avec un psychologue, vous avancerez ensemble, à votre rythme.

🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant !
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Sources : francetvinfo.fr / allodocteurs.fr / huffingtonpost.fr / mediapart.fr

Article proposé par Camille Lenglet

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