Syndrome de Stockholm : pourquoi aime-t-on autant nos bourreaux ?

Mis à jour le par Camille Lenglet

Je me suis toujours demandé comment on pouvait avoir de la sympathie pour quelqu’un qui nous fait du mal. Du coup j'ai décidé de me pencher sur ce phénomène et j'ai découvert que cela s'appelait le “syndrome de Stockholm”. Le nom est apparu dans les années 70 et il explique ce type de réaction. Mais comment cela se met-il en place ? Pourquoi peut-on développer de l'empathie, voire de l'affection, pour les personnes qui nous font du mal ? Explication.

Syndrome de Stockholm : pourquoi aime-t-on autant nos bourreaux ?

La définition du Syndrome de Stockholm

En 1973, il y a eu un casse dans une banque de Stockholm. Durant cet événement, des otages ont été retenus pendant plusieurs jours et ces derniers ont développé de l’empathie envers leur ravisseur. Plus incroyable encore, ils l’ont défendu et lui ont même rendu visite en prison après son arrestation. 

Donc pour donner une définition simple du syndrome de Stockholm : c’est lorsque nous comprenons notre agresseur, car celui-ci est capable d’expliquer ses actes. Quand on est victime, on renverse le triangle de Karpman et on se met à la place du persécuteur. 

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Dans les situations les plus graves et avec un stress psychologique intense, les victimes ont peur de mourir. Comme finalement elles ne meurent pas, elles ressentent une reconnaissance et se sentent redevables d’être encore en vie. C’est ce qui arrive lors d’une prise d’otages comme celle de 1973.

Pourquoi en arrive-t-on à aimer nos agresseurs ?

Le syndrome de Stockholm, c’est un moyen de survie. Souvent, suite à un état de sidération, notre cerveau va s’adapter pour nous protéger. C’est un phénomène psychologique qui permet de “supporter l'insupportable”. Notre mental va adopter ce mécanisme de défense pour s’adapter à une situation dans laquelle nous sommes en danger.

Notre comportement s’adapte lorsque notre vie est menacée comme dans le cas d’une prise d’otage. Mais nous réagissons de la même manière lorsque quelqu’un nous malmène. Le syndrome de Stockholm dans la vie quotidienne peut être encore plus pervers. Ce n’est pas une prise d’otages, mais les violences répétées qui détruisent peu à peu la santé mentale et la confiance en soi.

Le syndrome de Stockholm : pas seulement une prise d’otages

Le syndrome de Stockholm est un mécanisme que l’on peut retrouver lors de situations de maltraitances dans le cadre privé. C’est encore plus marqué lorsque les persécutions durent dans le temps. Lorsqu’on est maltraitée par quelqu’un de notre cercle intime, un lien très fort nous unit à notre agresseur et il en devient nocif. À la longue, on s’habitue à la violence et on est même reconnaissant que son bourreau n’aille pas plus loin.

Le syndrome de Stockholm dans le couple prend plusieurs formes : intimidation, humiliation, persécution, violences psychologiques, physiques ou sexuelles. D’ailleurs, les bourreaux sont souvent des pervers narcissiques. Edmundo Oliveira, chercheuse en criminologie, explique que dans le cas des violences conjugales, les femmes dénoncent rarement leurs agresseurs et elles continuent à vivre sous le même toit. Les femmes violentées gardent le silence, car il y a un sentiment paradoxal entre affection et crainte. Certaines sont soulagées d’être encore en vie et pensent que ce silence peut les sauver.

👋 Association des violences faites aux femmes Noustoutes.org.

Le syndrome de Stockholm au travail

On peut aussi retrouver le syndrome de Stockholm dans un cadre professionnel. Par exemple, il peut prendre la forme d’un supérieur hiérarchique ou d'un collègue de travail qui nous persécute, intimide ou nous harcèle. Lorsque ça arrive la première fois, il y a un effet de surprise, mais une fois cette réaction passée, nous n’agissons pas. Il y a un effet hiérarchique, donc on minimise : “c’est normal que mon chef soit comme ça, il a peur que je mette en péril la croissance de l’entreprise”.

👉 Selon le Havard Business Rewiew, le syndrome de Stockholm dans le cadre professionnel est plus fort qu'auparavant. Le fait que retrouver un travail soit plus difficile qu’avant contribue à l’augmentation de ce phénomène. Le salarié harcelé craint de perdre son emploi et de ne pas en retrouver par la suite. Fuir son travail et son patron n'est donc pas envisageable, l’employé se retrouve alors coincé dans une situation toxique.

Comment se sortir du syndrome de Stockholm ?

Quelle que soit la situation et le rapport que l’on entretient avec son agresseur, il faut pouvoir se rendre compte qu’on est victime du syndrome de Stockholm. Car lorsqu’on est sous l’emprise de quelqu’un, on a tendance à accepter un comportement qui n’est normalement pas acceptable. Soyez à l’écoute des réactions de votre entourage, c’est souvent un bon moyen de prendre conscience de la situation. Il ne faut jamais considérer comme normal ou banal d’être rabaissé, humilié, maltraité ou lorsque l’on porte atteinte à notre intégrité physique.

Une fois que l’on a pris conscience de cela, il faut rompre la “bulle nocive”. En parler à une amie, un médecin traitant ou un thérapeute est un bon moyen de se sortir de ce phénomène psychologique. Entendre de la bouche de quelqu’un que ce qu’on subit n’est pas normal, aide à nous faire prendre conscience de la gravité de la situation.

👋 A lire aussi : Comment aider un proche victime d’un pervers narcissique ?

Soigner le syndrome de Stockholm

Le meilleur moyen de traiter le syndrome de Stockholm est de consulter un thérapeute. Un suivi psychologique va nous aider à réagir et à poser des limites à notre bourreau. Pour cela, il faut exprimer ses sentiments et expliquer ce que l’on vit. Ce changement de comportement va avoir un impact important sur l’agresseur. Dans les cas plus graves, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide ou même à porter plainte, voire à vous mettre en sécurité lorsque vous sentez que votre vie peut être en danger.

L'avis de la rédaction : en êtes-vous victime ?

Comme l'explique Camille, le syndrome de Stockholm peut se vivre au quotidien, que ce soit dans le cadre du travail ou même dans son couple sans qu'on s'en rende compte. Si vous vous apercevez que vous subissez certains agissements que vous ne devriez pas tolérer, contactez un psychologue pour faire le point sur votre situation. Il existe de nombreuses thérapies très efficaces pour sortir du syndrome de Stockholm. N'attendez pas pour prendre rendez-vous.

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Mais aussi :

Sources : "Nouvelle victimologie : le syndrome de Stockholm" d'Edmundo Oliveira // "Syndrome de Stockholm" de Rémy C. Martin-Du-Pan 

Article proposé par Camille Lenglet

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15 avril · Wengood

8:57


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