“Mais pourquoi personne n'intervient ?!” ou l'effet témoin !

Mis à jour le 5 décembre 2024 par Camille Lenglet

Une fois, j’ai vu un homme s’effondrer sur le trottoir. Déjà, assister, c'est traumatisant, mais alors voir que les gens ne réagissaient pas a été peut-être encore pire. Moi-même j’ai douté : dois-je aller le voir ? Après quelques secondes d’hésitation, je suis allée voir ce monsieur qui faisait un malaise. Après coup, d’autres personnes se sont rapprochées, mais je me demande tout le temps : et si je n’avais pas bougé ? Est-ce que quelqu’un d’autre serait intervenu ? Eh bien, je n’en suis pas si sûre, à cause de l’effet témoin. Explication.

“Mais pourquoi personne n'intervient ?!” ou l'effet témoin !

Qu'est-ce que l'effet témoin ?

L’effet témoin ou la dissolution des responsabilités, est un phénomène psychosocial qui se produit lorsqu’on est témoin d’une situation d’urgence, comme le malaise du monsieur décrit dans mon introduction, mais que personne n’intervient.

Le meurtre de Kitty Genovese

Malheureusement, ce phénomène a été mis en évidence suite à un événement terrible : le meurtre de Kitty Genovese. Elle a été violée et assassinée à quelques mètres de chez elle, à New York en 1964. Malgré la présence de 38 témoins, personne n'est intervenu, ni n'a appelé la police pendant l'agression qui a duré plus d’une demi-heure 😥.

Cet événement tragique a suscité de nombreuses recherches en psychologie sociale pour comprendre pourquoi personne n’était intervenu pour aider la jeune femme.

Pourquoi personne n’intervient ?

Bibb Latané et John Darley ont été les premiers chercheurs à étudier l’effet témoin. Ce dernier se produit pour les raisons suivantes :

👉 La dissolution de la responsabilité

Lorsque plusieurs personnes sont témoins d'une situation d'urgence, on a tendance à penser que quelqu'un d'autre va prendre la responsabilité d'intervenir. Plus il y a de témoins, plus ce sentiment est fort. On se sent moins personnellement responsable d'agir, pensant que les autres vont le faire. Cette dilution de la responsabilité individuelle conduit à l'inaction collective 😅.

👉 L'influence sociale

On a tendance à se conformer au comportement du groupe. Si personne ne réagit dans une situation d'urgence, on peut interpréter cela comme un signe que la situation n'est pas si grave ou ne nécessite pas d'intervention 🤷‍♀️. L'inaction des autres influence notre propre comportement, c'est une escalade de l'engagement inversé, nous incitant à rester passifs pour ne pas dévier de la norme sociale apparente.

👉 La peur d'être jugé·e

Intervenir dans une situation d'urgence peut être intimidant. Pour ma part, j’ai eu peur du regard des autres et d’aggraver la situation en allant voir le monsieur qui faisait le malaise... Quand on manque de confiance en soi, on est plus soumis·e au jugement social, ce qui renforce l’inaction 😖 !

👉 L'ambiguïté de la situation

Dans certains cas, il peut être difficile de déterminer si une situation nécessite vraiment une intervention. Par exemple, si on voit un couple se disputer violemment dans la rue ⚡ doit-on intervenir ou pas ? Dans ce genre de cas, le mieux est de rester observateur, le temps que la situation devienne plus claire (et se référer au violentomètre). Soit il n’y aura rien de grave, soit on sera poussé à agir.

👉 L'ignorance pluraliste

C'est la tendance à interpréter l'inaction des autres comme un signe que tout va bien, même si intérieurement, on ressent de l'inquiétude. On pense être la seule personne à percevoir la gravité de la situation, puisque les autres semblent calmes et impassibles.

En réalité, il est probable que les autres témoins partagent la même inquiétude, mais n'osent pas la manifester, chacun se basant sur la réaction apparente des autres. Cela crée un cercle vicieux où l'inaction de chacun renforce celle des autres…

👋 Cet article peut vous intéresser : Les distorsions cognitives ou comment nos pensées nous parasitent !

Comment responsabiliser les autres ?

J’ai décidé d’agir pour ma part, car je me suis dit que si ça m’arrivait, j’aimerais que quelqu’un intervienne et ne me laisse pas gisante sur le trottoir 😅. Il est nécessaire de faire preuve d’empathie envers les autres et d’ignorer ce que les autres peuvent penser. Si eux décident de ne pas intervenir, c’est leur problème, pas le nôtre.

On doit se responsabiliser et considérer que l’on a tous et toutes un devoir moral afin d’aider une personne en détresse.

Le pire (enfin non, le mieux 🤐) c’est que beaucoup de gens ont une formation aux premiers secours, moi la première. Certes, elle remonte à loin, mais ça ne m’empêche pas de me souvenir de la position latérale de sécurité et de la méthode d’Heimlish. Puis si jamais on a un doute, on appelle les secours 🚑 !

Cependant, si nous, on décide d’intervenir, il y a de grandes chances pour que l’effet témoin se brise et que d’autres se réveillent à leur tour pour aider.

Et si jamais on voit que les gens ne réagissent pas, on peut toujours interpeller explicitement quelqu’un : “Vous, madame, en rouge, appelez une ambiance s’il vous plait !”. Ainsi, on casse la dissolution de responsabilité et on montre l’exemple en prouvant que l’intervention est la bonne chose à faire 🙏.

L'avis de la rédaction : briser l'inaction et inspirer les autres

L'effet témoin nous rappelle à quel point il est crucial de surmonter nos hésitations et de prendre l'initiative d'agir dans des situations d'urgence. Chaque geste compte, et notre intervention peut non seulement sauver une vie, mais aussi inspirer les autres à faire de même. En brisant le cercle de l'inaction, nous devenons des acteurs du changement et des modèles de courage et de responsabilité.

Cependant, il est important de reconnaître que ces situations peuvent être émotionnellement éprouvantes. Si vous ressentez le besoin de parler de vos expériences ou de mieux comprendre vos réactions face à de telles situations, n'hésitez pas à contacter un psychologue. Un professionnel peut vous aider à explorer vos sentiments, à renforcer votre confiance en vous et à développer des stratégies pour intervenir efficacement. Prenons soin de nous et des autres, car ensemble, nous pouvons faire la différence.

🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant !
#BornToBeMe

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Mais aussi :

Sources : “Pourquoi le meurtre de Kitty Genovese est-il devenu un cas d'école en psychologie ?” de Jeanne Rouxel // “L’effet spectateur, un inhibiteur du comportement humain dans des situations d’urgence” de Stéphanie Chayet

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