Un peu d'histoire...
Considéré sous l'Ancien Régime comme grossier, le tutoiement arrive via les révolutionnaires Français, qui vont imposer l'usage du tutoiement comme pratique égalitaire et expression du lien universel unissant tous les citoyens français, quel que soit leur métier, fonction ou position hiérarchique et en publiant un décret sur le tutoiement obligatoire le 8 novembre 1793. Cette pratique disparaîtra sous la Convention thermidorienne (1794/95) et le « tu » sera réservé à l’extrême intimité ou à la fréquentation des maisons closes.
👀 Au cours du XXe siècle, on assiste au passage du "Vous" au "Tu", largement influencé par la littérature et le cinéma avec la célèbre réplique de Jean Gabin en voyou à Michèle Morgan la bourgeoise bien élevée « T’as d’beaux yeux, tu sais », auquel elle répond : « Embrassez-moi » - puis, après le premier baiser :« Embrasse-moi encore ». La génération 68 a bousculé les codes, de même que la déferlante anglo-saxonne où un simple « You » suffit, indifféremment à qui l’on s’adresse.
Se tutoyer ou se vouvoyer au bureau ? C'est selon la culture d’entreprise
Les relations au travail sont soumises à des codes. L'emploi du tutoiement ou du vouvoiement entre collègues ou entre supérieurs et subordonnés en est un. Quand on arrive dans une entreprise, il faut tenir compte des us et coutumes de l'entreprise ou du secteur. Dans le doute et en l'absence d'indication claire, il est préférable de dire « vous » et d’attendre l'invitation de passer au « tu » 😉.
Le « tu » : une certaine proximité
Le Tu et le Vous sont des outils linguistiques qui permettent de gérer la proximité et la distance. Ils expriment les stratégies plus ou moins conscientes au sein des groupes de travail ; si le "Vous" distancie, le "Tu" déformalise.
📌 Selon une étude de la Dares parue en 2010, 65% des salariés tutoieraient leur supérieur. À noter qu'il existe une différence de genre, 51% de femmes seulement tutoieraient leur supérieur contre 73% d'hommes. La linguiste Eva Havu avance que le "vous" reviendra à la mode dans les années à venir avec le départ en retraite de la génération de mai 68... Il existe également une grande différence entre les secteurs. Le tutoiement est de mise dans les start-up comme dans toutes les entreprises qui veulent se donner une image jeune, dynamique, cool et innovante. Du côté du secteur bancaire, des institutions etc., le vouvoiement est courant. |
Le « vous » : prise de distance
Le pronom "Vous" indique la distanciation, indispensable dans les rapports professionnels, et apparaît toutefois plus raffiné, mais cette extrême politesse peut devenir goujaterie lorsqu’une jeune assistante s’est obstinée à vouvoyer sa supérieure qui lui a fait remarquer qu’elle lui renvoyait une image de femme d’âge mûr… 👉 On me manque de respect au travail, comment réagir ?
Le « tu » implique un rapprochement psychologique qui peut apparaître comme de la manipulation, en donnant l'illusion d'une amitié. Entre un « vous » qui impose une distance et un « tu » parfois forcé, il n'est pas toujours facile de choisir. Les tendances le font pour nous...
Le « tu » : un effet de mode
L'objectif des entreprises aujourd’hui est de créer de la proximité entre les salariés, d'établir une ambiance de travail moins formelle, plus décontractée, de favoriser l'esprit d'équipe et le sentiment d'appartenance. Aujourd’hui, le « tu » est donc à son apogée et devient une mode. Il donne une image dynamique des entreprises qui l’utilisent. Avec l'aplatissement des hiérarchies et le travail transversal, le « tu » construit et renforce la cohésion. En s'inspirant du modèle anglo-saxon, les entreprises Françaises se sont mises à vanter la proximité et le collectif en plaçant tous les salariés sur le même niveau d'implication.
👉 Attention cependant, le vouvoiement est indispensable dans certains secteurs professionnels (santé, banques… etc.)
Le piège du « tu » : quand les relations sont en danger
La familiarité sous-entendue par le "Tu" contribue paradoxalement à compliquer les relations et peut créer un mal-être au travail. Son utilisation n’est jamais anodine ! Tutoyer quelqu'un donne l'impression d'adoucir la relation et d'éviter tout conflit. 😏 Mais tutoyer son supérieur ne doit pas faire oublier sa position de chef qui saura vous remettre à votre place dès lors qu’il aura une remarque à vous faire.
De même, certains salariés peuvent se sentir moins à l'aise pour réclamer une augmentation de salaire ou de meilleures conditions de travail à un directeur qu'ils tutoient. Dans un autre exemple et dans une relation client fournisseur, à moins d'être devenus proches au fil du temps, passer du « vous » au « tu » risque de conférer à la relation une dimension affective qui pourrait devenir problématique.
Quelques conseils pratiques
1. Évitez de passer du tutoiement ou vouvoiement et aller-retour
À la suite d’un conflit, chacun reprend ses distances et l’on se re-vouvoie. Cela veut dire que c’était un faux « tu », créant un plus grand malaise. Cela souligne aussi comme un signe de faiblesse parce qu’en difficulté la personne se réfugie derrière le « vous » car elle perd pied. Il faut savoir prendre son temps : le « tu » est un chemin de non-retour.
2. Choisissez ce qui vous convient le mieux
Énoncez votre difficulté au tutoiement et conservez l'expression qui vous est la plus naturelle... quitte à la faire évoluer avec le temps est la meilleure des solutions… Mais il est également possible de vouvoyer et d'appeler l'autre par son prénom, ce qui constitue une solution intermédiaire de rapprochement. Vous savez maintenant tout de l'art et la manière d'utiliser le « vous » ou le « tu » en entreprise !
L'avis de la rédaction : « tu» ou « vous », un choix personnelDécider de tutoyer ou de vouvoyer un collègue ou un chef doit se faire naturellement, ne vous forcez pas et surtout, n'imposez pas votre loi aux autres ! Certaines personnes ne supportent pas d'être tutoyées, vous connaissez l'histoire : la liberté des uns commence là où s'arrête celle des autres... Et si vous avez le sentiment de ne pas trouver votre place dans votre travail, de ne pas vous épanouir, contactez l'un de nos coachs afin de faire le point et de trouver des solutions ensemble : 🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant ! #BornToBeMe |
"You" n'a jamais été en tutoiement en anglais. You est au contraire une généralisation du vouvoiement, ou en tous cas du non-tutoiement. "Tu" se disait "thou" comme cela peut encore se lire dans des textes ou chansons des époques où il était usité. Concernant le conseil de faire attention à son choix, c'est fort prévenant. Mais, si le tutoiement est imposé au point de provoquer, volontairement en réalité, la singularisation stigmatisante de celui qui tient à rester au vouvoiement, c'est bel et bien pour imposer - me semble-t-il - le deal suivant: soumettez-vous, ou alors battez-vous zy va si t'as un problème, ou dégagez; bref, pour imposer une little mafia atmosphere, où ce sont les tripes et non la bonne société respectable et ses lois (sous-entendu, d'immondes bourgeois bien sûr) qui régulent les relations. Tu tu turlututu, poil au c__
Lou O'papp