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Cyril Tarquinio a très aimablement accepté de répondre à mes questions pour Wengood. Pour démarrer ce sujet et comprendre de quoi on parle.
DÉTECTER LES TRAUMAS/ LES FACTEURS DE RISQUE
Qu’est-ce qu’un traumatisme psychologique ?
Il faut distinguer 3 choses :
- l’événement traumatique : ce qui va faire trauma ;
- le processus traumatique : ce qui va conduire au troisième point ;
- le psychotraumatisme.
1- Qu’est-ce qu’un événement traumatique ?
Il s’agit d’un événement auquel chacun d’entre nous peut être confronté, durant l’enfance, durant l’adolescence, mais aussi durant la vie adulte (expl. les agressions, les accidents…) Ce sont donc des événements négatifs, qui interviennent dans l’environnement psychologique des individus et qui mettent les personnes dans des situations de bouleversement. Ces événements introduisent une rupture. Ces événements conduisent à une mobilisation de processus.
2- Le processus traumatique
Il s’agit notamment de processus physiologiques (expl. hormones de stress…), cérébraux, psychologiques, affectifs, cognitifs c'est-à-dire dans le traitement de l’information. Tous ces mécanismes sont des réactions que l’organisme mobilise face à l’événement qui est qualifié de traumatique dès lors que le sujet ne dispose pas des ressources pour s’y adapter.
Avant cela on va parler d’incident critique. Le traumatisme n’est pas dans l’événement, il est dans la rencontre avec l’individu c'est-à-dire, un individu avec son histoire de vie, une histoire sociale, une histoire familiale, une culture, mais aussi des dimensions psychologiques qui font que certains événements vont prendre une texture toute particulière. Quand ces événements deviennent traumatiques, alors ça conduit à une réponse psychotraumatique. On va manifester des symptômes en réaction à la confrontation de ces événements.
3- Le psychotraumatisme : le symptôme psychotraumatique
Il s’agit d’une réponse de l’organisme au choc psychologique qui peut s’exprimer de différentes manières : le trouble de stress post-traumatique, des états dépressifs, des troubles anxieux, des symptômes douloureux… Tout un ensemble de réponses de l’organisme qui sont le signe que l’organisme n’a trouvé que ce seul moyen-là pour s’ajuster, pour répondre à la confrontation de l’événement.
La mécanique est orientée vers l’adaptation. Tous les symptômes sont là pour préparer le processus d’auto-réparation, sauf que parfois, si on n’aide pas l’individu comme parfois un médecin vient aider un patient qui est blessé physiquement pour favoriser une bonne cicatrisation, eh bien la cicatrisation psychologique cette fois ne se fait pas et le souvenir, la marque, la cicatrice du traumatisme reste chronique.
Quels sont les principaux traumatismes de l’enfance ?
Les enfants sont d’une certaine manière "prisonniers". La plupart du temps, ils sont dans des environnements familiaux dont ils ne peuvent pas se défaire. D’une certaine manière, quand on est confronté à de la violence familiale et que l’on est un enfant de quelques années ou un jeune adolescent : quelles sont les issues ?
Ce qui caractérise le traumatisme à l’enfance la plupart du temps, c’est sa récurrence. Les formes de confrontations traumatiques :
- Ce sont souvent des violences familiales mais pas seulement. Des parents qui parfois même sans s’en rendre compte, négligent les enfants, les insécurisent, les maltraitent. Des parents occupés par leurs propres problèmes, focalisés sur leurs propres souffrances, du coup ils n’ont pas la ressource pour s’occuper de leur propre enfant. Il n’y a pas dans ce cas de violence, mais cela donne des enfants qui intériorisent le fait qu’ils ne comptent pas, que leur devenir n’a pas, ou peu de valeur, ils intériorisent le fait qu’ils ne valent pas grand-chose. Tout cela s’inscrit dans leurs têtes, c’est ce que l’on appelle “ les traumatismes du lien ”. Quand ces problématiques-là sont présentes, on voit à quel point cela crée un sentiment d’insécurité, un rapport au monde où ils construisent une image d’eux-mêmes négative : “ je ne vaux rien ”, “ je ne vaux pas grand-chose ”, et surtout ils ont une relation au monde qui est altérée car ils ne peuvent pas faire confiance au monde.
Parmi les formes les plus aiguës du traumatisme du lien, en cas de violences physiques, sexuelles, ou quand l’enfant est témoin de disputes, cela ajoute une dimension supplémentaire qui est le sentiment d’insécurité et l’absence de contrôle sur l’environnement. Cela conduit souvent chez les enfants victimes, notamment de violences sexuelles, à une forme de traumatisme très particulier, on parle de trauma complexe.
Cela caractérise des enfants qui ont été confrontés à une récurrence d’événements traumatiques, et là, le tableau clinique est vraiment très compliqué à l’âge adulte (altération de l’image de soi, de la confiance aux autres, des conduites addictives, de l’automutilation, des troubles dissociatifs…)
On a tout un tableau clinique qui est compliqué et qui prendra du temps pour être traité ensuite à l’âge adulte.
On voit que les traumatismes de l’enfance sont des problématiques que l’on a trop longtemps sous estimé. On se rend compte à quel point ces traumatismes de l’enfance vont avoir des conséquences sur la construction du sujet. Souvent ce sont des enfants qui très vite cessent d’être enfants.
Quand l’enfant commence à se préoccuper de : “ comment va maman ? Est-ce que papa sera bien quand il va rentrer ? Il ne faut pas faire de bruit ou trop en rajouter de peur que ça explose… “ Alors ça y est, l’enfant a intériorisé les problèmes des adultes, il n’est plus un enfant. Le drame c’est qu’il y a d’autres éléments qui viennent ajouter des problèmes aux problèmes, par exemple le harcèlement scolaire dont on parle trop peu, les réseaux sociaux, l’environnement scolaire… C’est la double peine.
👉 Par exemple : si l’enfant n’a pas l’environnement familial qui est là, sécure et fiable pour l’écouter, à qui il peut faire confiance, alors il est livré seul face à l’épreuve de la vie. Les problèmes prennent alors une texture qui est tout à fait terrifiante pour lui. Il n’y a plus personne sur qui l’enfant peut s’appuyer pour avancer et ça, c’est un vrai problème.
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