Je déteste mes enfants
Impossible de dire quand tout ça a commencé. Ça s'est installé petit à petit, entre l'envie de bien faire, le bruit, l'agitation, la solitude et le manque de reconnaissance. Tous les soirs allongée dans mon lit, je voyais défiler la liste de mes responsabilités, ménagères, financières, éducatives et affectives. Je devais répondre à toutes les sollicitations, gérer les crises, tout ça avec les larmes aux yeux et une immense envie de dormir. J'en venais à détester mes enfants. Leurs demandes (exigences) ubuesques, leurs cris stridents, leurs pleurs exaspérants et leurs demandes d'attention permanente.
J'étais devenue une machine. Je n'avais pas le choix, mon mari travaillait trop, j'étais souvent seule avec eux, je devais gérer coûte que coûte. Chaque bisous, chaque remarque, chaque geste était fait sans envie, sans âme et sans cœur. Parfois quand ils jouaient, je m'allongeais par terre, épuisée, ils me tournaient autour, m'interpellaient. Je ne répondais pas, j'aurais voulu leur hurler dessus. Je me sentais nulle de les trouver odieux, je pensais que c'était ma faute s'ils manquaient d'empathie, s'ils n'étaient pas plus calmes. Puis, je tournais la tête, mon regard tombait inévitablement sur le tas de linge sale et je me retenais pour ne pas partir en courant.
Le constat
Un soir, ma mère m'a appelée pour me dire qu'elle s'était bloquée le dos. Impossible de garder les enfants l'après-midi suivant. Je suis tombée, littéralement. Impossible d'avoir la moindre compassion pour ma mère. Cet après-midi c'était mon obsession depuis des jours, le moment que j'attendais plus que tout. Je ne voulais pas croire que j'allais être forcée de m'en passer. Je les détestais tous, je haïssais ma vie, je me sentais à bout de forces.
J'ai craqué ou plus exactement, j'ai explosé. Tout est sorti d'un seul coup. Je hurlais, pleurais, frappais les murs, peinais à respirer. Mon mari était choqué, il n'avait pas vu à quel point j'allais mal et c'est lui qui a pris rendez-vous, pour moi, avec mon médecin traitant. Cette dernière m'a conseillé de voir un thérapeute et m'a prescrit des antidépresseurs. Je suis tombée de haut. Jamais je n'avais pensé être si fragile que ça. C'était un échec pour moi. Mais finalement, entre séances avec le psy et groupe de parole avec d'autres mères, j'ai fini par remonter la pente et cesser les antidépresseurs.
👉 Cet article pourrait vous aider : Comment parler de dépression à votre médecin ?
Cet article vous a plu ?
Vous voulez en savoir plus 🤔 ?
Ecrivez directement à l’auteurLaurianeRomami !
Poser une question à Lauriane
Envie de partager vos impressions ? Laissez un commentaire