Une culpabilité qui vient de loin
En temps normal, le sentiment de culpabilité est dû à une mauvaise conduite, comme voler, tricher ou encore mentir. C’est lorsque l’on commet une infraction ou que l'on brave un interdit qu’on est consciemment responsable et donc coupable. Mais d'un point de vue psychologique, la culpabilité ne fonctionne pas « logiquement ». Souvent, les rôles de victimes et de bourreaux s’inversent et ce sont les innocents qui se blâment 🙃...
Il faut souvent remonter très loin pour comprendre pourquoi, face à une difficulté, notre premier réflexe est de nous accuser. La façon dont on se perçoit trouve son origine dans notre enfance, comme l'explique Freud. Lorsqu’on est haut comme trois pommes, on ne fait pas la différence entre nous et les autres et c’est à travers leur regard que l’on se construit. Lorsqu’on ne se sent pas aimé ou désiré, que l’on subit des traumatismes et des moqueries, à nos yeux, on ne mérite pas de recevoir de l’amour. En d'autres mots, on est coupable 😔.
Ce ressenti s’aggrave si, enfant, on assiste à un événement douloureux ou perturbant comme la perte d'un proche ou le divorce de ses parents. Ces situations sont tout de suite associées à nous-même et l’on va croire que tout est de notre faute, et cela ne va pas s’arranger en grandissant.
La vie n’est pas toujours facile et nous fait traverser des moments compliqués, comme une rupture amoureuse brutale ou du harcèlement au travail. Face à cela, il est normal d'être temporairement perturbé et plus sensible. Mais si vous êtes de nature à culpabiliser, vous réagirez en étant totalement effondré. Il est parfois normal de pleurer ou de déprimer, mais pas au point de sombrer. Sinon, c'est que notre enfant intérieur est en détresse 😥.
Une incompréhension qui peut devenir destructrice
Au manque de recul et de confiance, vient s’ajouter le questionnement. Reprenons l’exemple de la rupture amoureuse que l’on n’a pas vu venir : "Est-ce de ma faute ? Qu’ai-je fait de mal pour mériter ça ?".
L’incompréhension face à certaines situations peut être très destructrice et les émotions nous empêchent de prendre du recul. Alors, laissé seul, frustré et sans explication, on se pointe du doigt et se sent coupable, comme l'explique le psychiatre, Aaron T. Beck.
Cependant, ce n'est pas tout. Selon Carl Rogers, les attentes sociales nous poussent à ressentir de la culpabilté. En effet, on peut aussi s'accuser de tous les maux par peur de décevoir les autres. Cela traduit aussi une personnalité perfectionniste, qui a peur du jugement. Si l’on n’est pas à la hauteur de certaines attentes, on craint que les autres nous rabaissent, parce qu’au fond on manque cruellement de confiance. Au lieu de s’accabler, certains acceptent l’échec, le voient comme une leçon et ils ont raison !
😐 Vous en conviendrez, tout cela est malsain pour vous ! On ne vous encourage pas à devenir le roi des égoïstes, mais vivre constamment pour les autres vous empêche d’être heureux. En leur donnant raison, vous vous oubliez, et pire, prenez la responsabilité de leur souffrance et leurs problèmes.
📌 La prochaine fois que vous vous sentirez mal parce qu’on tente de rejeter la faute sur vous, et d’aggraver la situation, dites-vous que « chacun son problème ». Si votre interlocuteur refuse d’avancer, et ne fait pas d’effort pour se remettre en question, cela le regarde. Concentrez-vous plutôt sur vous, et on va vous aider !
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Comment arrêter de culpabiliser sans raison ?
Si vous avez eu l’impression d’être coupable toute votre vie, vous ne cesserez pas en un claquement de doigts. Ce sentiment est ancré en vous, mais bonne nouvelle : il n’est pas impossible à maîtriser 😊. C’est progressivement que se verra le résultat de votre travail et pour vous aider voici nos meilleurs conseils :
👉 Identifier les moments
C’est la première étape ! Prendre conscience que ça y est, vous avez vécu tel scénario et vous allez culpabiliser dans la seconde qui suit, c’est reconnaître le problème pour mieux le traiter. Au fil du temps, vous vivrez la situation avec moins d’intensité, car vous aurez anticipé, vous serez moins pris(e) de court par votre tendance à culpabiliser. Petit à petit, vous cessez d’écouter l’enfant traumatisé et devenez plus adulte.
👉 Transformer l’échec d’aujourd’hui en leçon
La culpabilité peut parfois être fructueuse. Prenez l’exemple d’une dépense excessive et inutile, ou d’une dispute où nos mots ont dépassé notre pensée : après coup, vous vous sentirez tellement mal que vous savez que la prochaine fois, il serait bon de vous maîtriser. Connaître ses points faibles, c’est une force.
👉 Identifier le véritable coupable
Il arrive que l'on nous fasse des reproches que l’on ne comprend pas. Même après avoir pris du recul, on ne voit pas ce qui cloche dans notre comportement. Dans ces cas-là, il y a de fortes chances que ce soit à votre interlocuteur de se remettre en question. Servez-vous de vos capacités d’analyse !
👉 Avoir un point de vue extérieur
Si vous pensez que vous êtes à blâmer, c’est peut-être parce que vous n’avez pas pris en compte tout le contexte. Votre point de vue est peut-être trompeur, car influencé par vos blessures du passé. Un proche ou un spécialiste pourraient être utiles pour vous faire réfléchir. Parfois le simple fait de raconter ce qu’il s’est passé permet de comprendre que la culpabilité n’était pas vraiment justifiée.
👉 Accepter que l’on ne maîtrise pas tout
Nous sommes des êtres humains, pas des super-héros ! Nous ne pouvons donc ni porter sur notre dos toute la misère du monde, ni le sauver. De plus, nous ne sommes pas seuls sur Terre et ne pouvons pas contrôler les éléments extérieurs. Accidents, suicide d’un proche, il y a des évènements que l’on ne peut malheureusement pas empêcher malgré ce que l’on pense.
👉 S'autoriser quelques écarts
C’est promis, un simple carré de chocolat ne ruinera pas tous vos efforts et ne détruira pas votre ligne de conduite « healthy ». Si vous acceptez de lâcher prise de temps en temps, et êtes moins exigeant, vous culpabiliserez moins. Logique, non ?
👉 Pardonner
C’est un outil important pour restaurer votre estime personnelle, arrêter de vous blâmer et de vivre dans le passé. Personne ne peut changer le passé, mais il n’est pas trop tard pour aller de l’avant !
👉 S'offrir des compliments au quotidien
Se répéter souvent que l’on est simplement humain ou lister ses qualités ne relève pas du narcissisme ! Au contraire, ces astuces nous aident à prendre conscience de nos bons côtés, et de s’armer de confiance pour mieux affronter la culpabilité !
👉 Savoir dire non
Ces trois petites lettres, N-O-N, vont vous permettre de vous affirmer. En refusant de vous mettre dans une situation qui va vous embarrasser, vous vous empêcherez d’avoir des remords, alors autant apprendre à dire non !
L'avis de la rédaction : la culpabilité est toujours source de souffranceLe sentiment de culpabilité fait souffrir et peut mener dans les cas les plus graves jusqu'au suicide. Cette culpabilité extrême devient alors pathologique et il est indispensable de consulter un spécialiste pour déconstruire ce schéma. N'attendez pas pour prendre rendez-vous avec un psychologue. Au fil des séances, vous comprendrez d'où vient ce sentiment de culpabilité et apprendrez à vous en défaire en mettant en place de nouvelles habitudes ainsi qu'une nouvelle façon de voir les choses.
🤗 Se comprendre, s'accepter, être heureuse... C'est ici et maintenant ! #BornToBeMe
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Sources : "Cognitive Therapy of Depression" d'Aaron T. Beck // "L'approche centrée sur la personne" de Carl Rogers // "Le Moi et le Ça" de Sigmund Freud