Accouchement traumatisant : l'importance d'en parler

Mis à jour le par Lauriane Amorim

Mon accouchement s'est très bien passé, j'en garde un souvenir émouvant, mais je me souviens aussi d'une de mes amies qui était vraiment désolée de ne pas pouvoir venir rencontrer mon bébé à la maternité. Son accouchement l'avait tellement marquée, traumatisée qu'elle ne pouvait plus mettre les pieds dans la maternité où sa fille était née, plus d'un an auparavant. Je me souviens qu'elle m'avait appelée depuis le parking, des larmes dans la voix et en tremblant : "Je ne peux pas rentrer, c'est trop dur… ne m'en veux pas." Je savais que son accouchement c'était mal passé, mais je n'avais pas compris à quel point elle avait été traumatisée par cet événement.

Accouchement traumatisant : l'importance d'en parler

1 femme sur 3 juge son accouchement traumatisant

L'accouchement est en soi un événement marquant, riche en émotions, mais qu'on idéalise bien souvent. Quand rien ne se passe comme prévu, bien sûr, c'est la déception qui prime, mais quand on craint pour sa vie, pour celle de son enfant, quand on est impuissante, inaudible, c'est un fait, l'accouchement devient un traumatisme. Et, selon les données de PATTCH (Prevention and Treatment of Traumatic Childbirth, une organisation australienne travaillant sur la question des traumatismes périnatals) 24 à 35% des accouchements sont traumatisants. Ce ne sont donc pas seulement quelques histoires horribles, promptes à effrayer les nullipares. Non, ce sont des histoires de femmes qui souffrent profondément. Qui souffrent dès le début de leur maternité, qui doutent de leur féminité, d'elle-même, de leurs capacités à être une bonne mère, à entretenir des liens solides avec leurs enfants. 

Un accouchement traumatisant a un fort impact sur l'avenir de la mère et de l'enfant et c'est pour ça qu'il est important d'en parler. Beaucoup souffrent en silence, certaines sont même réduites au silence et d'autres encore minimisent leur traumatisme parce que ce "n'est qu'un accouchement", beaucoup avant sont passées par là. J'ai pris l'habitude de dire, à propos de la grossesse, de l'accouchement et de la maternité, que ce sont des événements banals et personnellement exceptionnels. Beaucoup les vivent, mais chacune le vit à sa manière. Un accouchement traumatisant ne doit donc jamais être gardé sous silence.

Accouchement et ressentis : ça compte !

Un bébé qui ne veut pas sortir. Ventouse, forceps. Du sang. Un malaise. Un réveil au bloc. La vision floue, la gorge sèche et plus rien dans le ventre. L'angoisse, la panique. Où est mon bébé ? Que s'est-il passé ? Parfois, c'est aussi une perte de contrôle, l'impression de ne pas être écoutée, parce que l'équipe médicale, affairée, oublie de nous dire ce qu'il se passe, et l'affreuse sensation que tout se passe sans nous, alors qu'il s'agit justement de nous, de notre douleur, de notre corps, de notre bébé.

Et ensuite, c'est toute la relation avec le bébé qui semble faussée. Manquer le premier regard, le premier peau à peau, l'odeur, la mise au sein. Comment se relever ? Comment se reconstruire ? Comment se sentir entrer dans son rôle de mère quand on n'a pas pu être là pour les premières heures de son bébé ? Comment se relever de cette frustration ? Beaucoup de psychologues reconnaissent même que le lien a parfois du mal à se faire quand l'accouchement a été particulièrement compliqué. Mais ce qui compte par-dessus tout, ce sont vos ressentis. Le traumatisme de l'une, ne sera pas forcément le traumatisme de l'autre. Une femme qui a désiré accoucher sans péridurale a eu l'impression que son corps était scié en deux et qu'elle était écartelée, au moment où son bébé sortait. Elle l'a vécu de manière traumatique. Tous les traumatismes liés à l'accouchement doivent être racontés et entendus, quelle que soit leur nature, vous ne devez pas les passer sous silence et les laisser s'installer en vous.

Mon accouchement, ma guerre : le SSPT postnatal

Le traumatisme lié à une grossesse déclenche chez certaines des symptômes du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Ils se caractérisent par des troubles anxieux : réveils nocturnes, cauchemars, flash-backs, pensées et souvenirs récurrents et accablants, crises d'angoisses, panique. Ces troubles sont souvent liés à un événement stressant, effrayant, pénible : une guerre, un accouchement.
En 2021, selon une enquête de Santé publique France menée entre 2013 et 2015, le suicide est la deuxième cause de mortalité maternelle après les problèmes cardiaques. En effet, 13% des décès maternels sont causés par un suicide jusqu'à un an après l'accouchement.

Se faire aider

Un baby-blues qui n'en finit pas, voire tourne à la dépression, un discours ruminant autour de l'accouchement, des difficultés à profiter de son bébé, des troubles du sommeil, de l'alimentation sont autant de signes qui montrent qu'une femme souffre d'un accouchement traumatisant. Dès le séjour à la maternité, vous pouvez vous tourner vers un psychologue ou un psychiatre. De retour à la maison, n'hésitez pas non plus à vous confier à la sage-femme qui viendra vous visiter. Vous pouvez aussi vous adresser à votre médecin généraliste, l'hypnose fonctionne aussi très bien sur les traumatismes, mais le mieux reste encore la thérapie, qui vous permettra de verbaliser votre vécu, vos ressentis et vous aidera à déculpabiliser afin de renouer avec vous-même, votre corps, votre maternité et votre bébé. Dans tous les cas, il est important de parler le plus tôt possible. 

C'est aussi la raison pour laquelle, depuis le 1er juillet 2022 un entretien postnatal obligatoire avec un médecin ou une sage-femme a lieu entre la quatrième et la huitième semaine qui suit l'accouchement afin de repérer les signes de dépression. À cette occasion, n'hésitez pas à vous faire expliquer et réexpliquer plusieurs fois les faits, le déroulement de l'accouchement. Faites la lumière sur tout, ne laissez aucun doute perdurer et surtout, autorisez-vous à ressentir vos émotions, sans honte et à solliciter l'aide nécessaire.

L'avis de la rédaction - L'important c'est que le bébé aille bien

Non ! Enfin oui, bien sûr, ce qui compte c'est que le bébé aille bien. Mais si on n'a que ça à proposer comme réponse à une mère qui vient de vivre un accouchement traumatisant alors on la réduit au silence. On lui impose de se taire et de se rassurer parce qu'elle est en vie et que son bébé va bien. Ses sentiments seraient alors inappropriés. C'est faux ! Pour se remettre d'un traumatisme périnatal, il faut reconnaître et accepter ses sentiments. C'est tout à fait normal d'angoisser et de se sentir mal après une telle expérience, même si le bébé va bien. Une mère compte aussi.

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15 avril · Wengood

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