Les 4 grandes catégories de peur
On est tous un peu concernés par ces peurs. Prenons le cas de la peur de manquer. On va se poser la question : est-ce que je gagne suffisamment ? Est-ce que j’ai assez pour ne pas me retrouver à la rue ? On va remplir le frigo par peur de manquer, remplir les placards, la cave, faire des stocks… Cela concerne environ 90% de la population.
Et puis cela va poser des problèmes dans la vie de tous les jours parce que la peur de manquer peut conduire à l’obésité bien sûr, ou des choix professionnels pas rationnels c'est-à-dire qui vous font du mal. Par exemple : travailler trop y compris si vous avez la possibilité de travailler moins. Tout cela produit un enchaînement de conséquences : vous êtes fatigué, vous ne voyez plus votre famille… Les défenses que vous allez trouver comme faire des stocks ou travailler trop vont finalement se retourner contre vous 😬.
1- La peur de grandir :
C’est la plus importante. En réalité, tout part de là. Le conflit que l’on peut avoir entre l’enfant que l’on est plus vraiment mais dont il reste des traces importantes, et l’adulte que l’on tend à devenir. L’enfant dont je parle n’est pas le petit enfant que l’on a été personnellement dans le passé, c’est la source de vie qui jaillit, l’élan de vie, brut, pulsionnel, chaotique, ça part dans tous les sens, c’est l’étonnement. D’ailleurs si on prend l’étonnement philosophique, au départ de la philosophie grecque en tout cas, c’est l’étonnement. Exemple : pourquoi y a-t-il des étoiles ? La philosophie a commencé comme cela. Cette envie, ce jaillissement vient s’ancrer dans quelque chose que l’on appelle l’enfance. Mais tout cela est pulsionnel et chaotique donc pour en faire quelque chose, il faut le limiter.
C’est pour cela que je définis l’adulte, comme celui qui pose les limites et qui les respecte. Contrairement à ce que l’on croit ce n’est pas quelque chose qui va nous enfermer, mais au contraire quelque chose qui va nous libérer. Parce que cela nous permet de faire quelque chose de tout ce jaillissement qui sinon partirait dans tous les sens. Être adulte, c’est orienter ce qui jaillit en moi.
La peur de grandir, pour la définir, c'est la peur de quitter son statut d’enfant de ses parents. La solution, c’est changer de place, accepter de changer de place vis-à-vis de ses parents et cela commence à l’adolescence. Quand on commence à avoir des formes, à grandir, quand on commence à ne plus être le petit bébé que l’on a été. À ce moment-là, il y a des questions qui se posent, parce que peut-être que l’on a le sentiment de trahir ses parents. Et c’est vrai. Les parents voulaient un bébé et non un ado qui claque les portes. Donc déjà, vous commencez à les trahir mais dans un sens nécessaire ! Vous commencez à dire : “ ça n'est plus votre loi qui est la mienne, je m’émancipe, je vais décider moi-même de ce que je veux faire de ma vie ”.
Les parents devraient accepter cette trahison et l’accepter pour libérer l’enfant qui devient adulte et ainsi lui permettre de ne pas avoir de peurs. Si vous ne vous libérez pas de cette position d’enfant de vos parents, alors vous continuerez toute votre vie à avoir des peurs d’enfant.
Pour revenir à notre pigeon de tout à l’heure : qu’est ce qui peut expliquer la phobie du pigeon ? Si vous avez 3 ans, un pigeon c’est énorme ! C’est gros comme un veau pour un adulte ! C’est ce qui se joue dans la phobie de l’adulte. Il voit le pigeon d’en bas, de sa position d’enfant.
C’est pour cela qu’il est très important de grimper à la hauteur de ses parents pour se libérer du statut d’enfant que l’on a eu pendant une vingtaine d’années. Car ce sont vos parents qui vous ont construit comme “ enfant ”, comme leur enfant. Pour arriver à se défaire de ce statut, il faut que vous arriviez à vous vivre comme un adulte face à des adultes. Pas face à des parents.
Vos parents, vous les connaissez par cœur mais qui sont-ils en réalité en dehors d’être des parents ? Qu’est-ce qu’ils ont sur le cœur ? Qu’est-ce qu’ils ont vécu ? Des choses qu’ils ne pouvaient pas vous dire quand vous aviez 5 ou 10 ans mais qu’ils peuvent peut-être vous dire à 20 ou 25 ans. C’est très important de connaître l’histoire, leur histoire peut-être celles de leurs parents. Pourquoi ont-ils choisi telle éducation ? On peut poser ces questions.
👋 Apprendre à décevoir ses parents et s'en libérer
2- La peur de s’affirmer.
C’est dans le prolongement de la peur de grandir. Mais que veut dire s’affirmer ? Cela veut dire “ quelle est ma place dans ce monde ? Quel est mon rôle ? ”
Par exemple : il y a des gens qui sont journalistes mais qui préféreront dire “ je fais du journalisme . ” C’est une manière de rester à distance. Un peu comme si l’on était stagiaire toute sa vie. Pour s’affirmer, il faut changer de place par rapport à ses parents. Changer de place c’est changer de relation.
Cette peur entraîne des peurs de demander un renseignement dans la rue, peur de téléphoner pour prendre rendez-vous, peur de parler en public ou même en face-à-face avec une mise en retrait. C’est une minimisation de ce que l’on est. On ne parlera pas de soi, on sera à l’écoute pour éviter de parler de soi.
3- La peur d’agir.
Cela se manifeste par la procrastination. La procrastination c’est l’incapacité à se projeter dans le temps. Si vous n’êtes pas capable de vous projeter à 1 mois, vous ne pouvez pas voir l’effet de ce que vous faites. Car pour vous cela n’existe pas “ dans un mois ”. Un autre aspect de la procrastination c’est de ne pas avancer dans la vie. Faire des efforts pour rester dans cette position d’enfant, c’est aussi une manière de nier les angoisses de la vie : “ La vie c’est très dangereux, si on entre dans la vie on va mourir ”.
Or, la mort est un enjeu existentiel, cela fait partie de la condition humaine. On ne peut pas vivre autrement qu’en sachant que l’on va mourir. Mais les gens qui veulent rester dans la position enfantine, ça leur permet d’oublier cela. La position enfantine tourne en rond, il n’y a pas cette grande ligne droite qui va jusqu’à la mort. Le problème c’est que cela finit par se retourner contre vous comme toutes les défenses rigides et cela va entraver la vie professionnelle, sentimentale, familiale car vous ne faites pas les choses, ou ne les terminez pas.
L’autre aspect de la peur d’agir, c’est la rumination. Là, c’est la pensée qui tourne en rond, plutôt négative, on est dans la plainte parce que l’on est toujours dans la pensée à l’envers. Il faut trouver des problèmes qui enchaînent avec des problèmes, et après un certain nombre de problèmes on revient au point de départ 🤯. Ce que tous les gens qui ruminent connaissent parfaitement. Vous tournez en rond car au bout de chaque problème on trouve un autre problème au lieu de trouver une solution, ce qui serait la pensée à l’endroit. Cela est lié à votre position donc il faut à un moment donné trouver une issue pour casser ça. Il y a tout un travail à faire pour ça.
4- La peur de se séparer.
En réalité, il s'agit de la peur de faire confiance au lien à autrui. Que l’on soit fusionnel ou héroïque en réalité ce sont deux aspects enfantins.
- Fusionnel : c’est l’enfant qui va se cacher dans les jupes de sa mère, qui reste dans les coulisses ”.
- L’héroïque : c’est l’enfant qui passe qui casse tout, qui n’a besoin de personne, qui pense qu’il peut s’envoler de la fenêtre. Il se croit au-dessus du commun des mortels. Le héros survit à tout. Même quand il meurt.
La peur de se séparer, c’est donc la peur de faire confiance au lien, c'est-à-dire que si je pense que ces liens ne sont pas assez solides, alors je n’oserai pas dire non, je n’oserai pas dire ce que je veux pour moi. On a peur de se positionner et de négocier. Ce sera donc la dépendance affective ou une forme de dépendance affective qui se cache sous une forme d’indépendance totale.
On est formé par toute notre enfance, notre éducation. Tout est contextuel. Quand on arrive, il y a une place à prendre ou qui sera assignée. Bon an mal an, vous prendrez votre place et vous prendrez la forme de cette place. S’il y a des injonctions familiales qui sont “ ne jamais se décoller “ eh bien vous ferez avec. Ou contre d’ailleurs car il y a des gens qui ne veulent pas de cette place-là ! Donc cela pourra être le frère qui partira à l’étranger par exemple parce qu’il aura compris implicitement qu’il doit s’éloigner de ses parents.
Quelles sont les bonnes questions à se poser ?
Il faut se poser des questions à partir du moment où vous repérez une souffrance. Cela peut prendre différentes formes : angoisse, dépression, une pente dépressive, voire une incapacité à faire évoluer sa vie professionnelle ou sentimentale. “ je ne rencontre jamais la bonne personne ” …
À partir du moment où il y a cette souffrance, il y a lieu de se questionner sur sa position, sa place dans ce monde. Est-ce que c’est la bonne ou pas ? Et s’il y a de la souffrance, c’est que ce n’est pas la bonne 🙁. Et si en plus il y a des infantilismes que l’on peut repérer, alors ce n’est pas la bonne non plus.
Alors qu’est-ce que c’est qu’une “ bonne ” place ? C’est l’entrecroisement entre :
- toutes les relations que vous avez avec les autres en général, en particulier vos parents ;
- mais aussi avec le monde c'est-à-dire la relation avec la nourriture, le sommeil, les vêtements, la déco… ;
- et le rapport à vous-même, c’est-à-dire quand vous vous regardez dans un miroir ou pas, comment vous vous jugez vous-même ? Quel est votre estime de vous-même, votre confiance en vous… ?
Au milieu de cet entrecroisement, il y a vous, il y a votre place. Donc pour changer cette place, il faut changer les relations, c’est la logique même !
Changer les relations :
- à ses parents : si vous êtes en position d’enfant ;
- au monde : si vous estimez par exemple que vous n’avez pas investi votre logement ;
- à vous-même : c’est-à-dire à quel moment vous vous traitez avec des égards ou au contraire à quel moment vous avez tendance à vous mépriser.
C’est là-dessus que l’on travaille.
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