Fugue maternelle, et si vous preniez l'air quelques jours ?

Mis à jour le par Lauriane Amorim

Pour moi, ça a d'abord commencé par une histoire de charge mentale. Une impression de trop-plein, la nécessité de devoir penser à tout et un quotidien harassant. Alors quand j'ai entendu parler du livre d'Alice Cheron, "l'Appel de la fugue", mon cœur a fait boom, ça m'a immédiatement parlé ! C'est pourquoi j'ai décidé de la contacter afin de faire une interview pour tout savoir sur la fugue maternelle. Explication.

Fugue maternelle, et si vous preniez l'air quelques jours ?

Qu'est-ce qu'une fugue maternelle ?

Alice Cheron : Submergée par ma carrière, mes enfants, mes changements de vie, une installation en Italie, j'ai décidé qu'il était grand temps que je me retrouve, que je fasse le point et que je le fasse seule 😌. C'est à partir de là, en échangeant avec plusieurs femmes aux besoins identiques que j'ai eu l'idée des fugues maternelles. 

Qu'est-ce que c'est du coup ? Avec les fugues, l'idée de s'octroyer un moment pour se faire du bien. Loin de notre charge mentale, de nos soucis ou plus simplement de nos impératifs. Loin de notre quotidien parfois un peu lourd. Plus concrètement, ce sont 3 jours durant lesquels j'accompagne 10 femmes dans mon coin d'Italie

👉 Au programme : ateliers créatifs, découvertes, nourriture, sororité, bienveillance et surtout liberté. De quoi revenir pleine d'ondes positives et plus encore...

Est-ce qu'il y a un bon moment pour faire une fugue ?

A. C. : Il n’y a pas de bons ou de mauvais moments pour faire une fugue. C’est quand on est prête. On peut faire des fugues et aller mal ou au contraire être bien. C’est selon le timing de chaque femme. Mais de toute façon, la fugue ce n’est qu’une étape d’un processus

Il y a un avant, un pendant et un après. La réflexion avant de partir fait aussi partie du travail sur soi. La fugue c’est une étape sur le chemin, un espace pour soi, un moment pour écouter son intuition. La fugue permet d'être plus au clair, mais après il faut du temps, parce que la fugue a peut-être fait émerger une réponse, mais peut-être que ça aura fait surgir d'autres questions. En fait, il faut poursuivre toute sa réflexion après la fugue. Le livre a été d'ailleurs construit de cette façon : avant, pendant, après. 

👉 Parce que pour moi, pendant la fugue, on cristallise l'idée de la fugue, mais ce n'est pas vraiment ça qui compte. Ce qui est important, c'est la phase d'avant,  celle de la préparation mentale et de l'acceptation du projet et la phase d'après : qu'est-ce qu'on va faire de ce qu'on a appris sur soi ? Est-ce qu'on va apporter plus de soin à nous-même au quotidien ? Tout ça compte aussi beaucoup selon moi.

Comment gère-t-on la culpabilité de laisser sa famille ?

A. C. : L'histoire de la culpabilité, c'est central dans la phase de l'avant, dans la phase de réflexion. Je crois que culpabiliser c'est normal, mais il faut quand même remettre les choses dans leur contexte : on ne part que 3 jours sur 365. 

365 jours où on est quand même, nous les femmes, extrêmement responsables, responsables de ce qui se passe autour de nous, de la façon dont on gère le quotidien, les enfants, le travail... Chez les femmes, il y a quand même un sens du "bien faire" qui me semble être démultiplié par rapport à nos camarades masculins. 😅 Ce poids de la responsabilité, c'est ça aussi qui fait qu'on a de la culpabilité. Il faut donc remettre de la temporalité dans le projet. Si le projet s'appelle la fugue et pas la fuite, c'est justement parce qu'on envisage une échappée belle avec immédiatement la notion de retour. 

À aucun moment on ne part pour fuir son quotidien, on part pour mieux revenir. Et je crois que se dire : partir pour quelques jours avec l'ambition d'être mieux avec soi-même, mieux avec les autres, c'est quand même quelque chose qui vaut la peine d'être pris au sérieux. 

🛑 Allez stop ! Pourquoi je me sens toujours coupable ? Comment arrêter ?

Comment saute-t-on le pas de la fugue maternelle ?

A. C. : Moi quand je me dis que j'ai envie de fuguer, prendre l'air, réfléchir, alors que dans ma vie techniquement tout va bien, je suis la première à auto dénigrer mon propre besoin de fugue, à me tourner moi-même en ridicule et ça, c'est deux choses 😢. 

  • 👉 D'abord, c'est un manque total d'auto-compassion et il y a un moment, il faut quand même arrêter avec ça ! Il faut arrêter cette dévalorisation systématique dès que l'on a l'impression que c'est de l'égocentrisme mal placé alors que ça ne l'est pas. 
  • 👉 De plus, il y a quelque chose qu'il faut dire : la fugue n'est pas un caprice, c'est un besoin. Parce que prendre du temps, peu de temps, pour etre seule, faire le point avec soi-même et être bien dans sa vie, ce n’est quand même pas superficiel pour avancer dans le quotidien. Il faut réfléchir avec soi-même, à partir du moment où on accepte l'idée de la fugue pour soi, on se respecte déjà un petit peu plus.

Et puis, il n'y a pas de fugueuse type, vous (ndlr : Lauriane) et moi, nous sommes assez similaires dans notre profil de fugueuse parce que quel que soit le quotidien que l'on a, on a des enfants encore jeunes, du travail, un équilibre à trouver et parfois une impression de suffocation parce que l'enfant est extrêmement demandeur 🤯. Pour moi, il y a ce que j'appelle ma fugueuse clichée (c'est-à-dire, moi-même), et ce qui m'a le plus surpris quand j'ai commencé à en parler, avant même que ce soit un projet professionnel, c'est que la fugue parle à toutes les femmes

Avec ou sans enfants, 25 ou 65 ans, grosse carrière ou femme au foyer, il n'y a pas de règle, toutes les femmes, à un moment, ont le droit de se poser pour réfléchir à ce qui s'est passé, réfléchir à ce qu'elles veulent réajuster et être un peu plus en conscience avec les décisions qu'elles vont prendre dans le quotidien. Nous ne sommes pas obligées de partir pour faire de grands chamboulements, parfois on a juste besoin d'aller respirer un autre air que celui qu'on aime, pour mieux revenir, apprécier les petits moments de sa vie et optimiser ce qui doit être optimisé.

Comment évoquer la fugue avec notre entourage ?

A. C. : J'insiste sur le fait qu'il faut commencer par se dire que, quand vous vous allez verbaliser la fugue, c'est que vous êtes prête. La personne en face de vous, elle, elle n'a rien demandé et peut-être qu'elle ne s'y attend pas du tout 😯. Il faut se préparer à l'idée que cette personne a le droit de réagir comme elle va réagir. Il peut y avoir des réactions plus agressives que d'autres, parce qu'il y a de l'incompréhension. Il ne faut pas hésiter à rassurer les personnes qui en ont besoin. Ce n'est pas pour elle qu'on part, c'est juste pour nous, ça n'a rien à voir avec les personnes, c'est purement une histoire entre soi et soi-même. 

Et puis surtout, il faut garder en tête, qu'on en parle autour de soi, mais qu'on ne demande pas une autorisation 🤫. On n'a pas besoin de cette autorisation, on a besoin de gérer une logistique, quand il s'agit de la famille, mais pas d'autorisation à demander pour aller s'occuper de son bien-être pendant 3 jours.

Certaines fugueuses ont-elles déjà reçu à une réaction négative, voire agressive ?

A. C. : Il y a une fugueuse, qui n'a d'ailleurs pas fugué (pour le moment !). Elle avait un enfant de moins d'un an et demi, avec donc un quotidien très dense, et un conjoint, qui était extrêmement attentionné, qui faisait attention à son bonheur, qui faisait tout ce qu'il pouvait faire pour qu'elle aille mieux, mais qui ne comprenait pas que ce qu'il lui fallait ce n'était pas de partir à 3. Elle ne parvenait pas à lui faire comprendre que ce n'était pas de ça dont elle avait besoin, mais qu'elle devait partir toute seule. Lui était désemparé, il l'a sans doute un peu culpabilisée. Mais c'est compréhensible, il devait être désemparé de ne pas avoir en main son bonheur et de ne pas être en mesure de pouvoir faire quelque chose.

⚠️ Une réaction agressive n'est pas normale, aidez-vous avec cet outil : Le Violentomètre, pour lutter contre les violences faites aux femmes 

Que pouvez-vous nous dire sur la sororité dans les fugues ?

A. C : À partir du moment où j'ai verbalisé mes propres fugues, il y a une espèce de sororité naturelle qui s'est créée et renforcée. C'était très fort. J'ai eu de nombreux contacts avec plein de femmes qui m'écrivaient, et m'envoyaient de véritables romans, très personnels, de choses qu'elles avaient besoin de partager. Et être capable de créer ce genre de lien là permet de se sentir moins seule

Parce qu'avec ça je me suis sentie moins seule dans ma fugue, je sentais que j'avais cette armée de guerrières féminines ⚔️ derrière moi, qui ne m'avait pas jugé. Dans ma vie tout va bien : mon mari est génial, mes enfants vont bien, j'ai une maison, de l'argent, tout roule. Sur le papier tout va, mais j'avais quand même fondamentalement besoin de partir et de prendre l'air et ces femmes-là elles ont respecté ça. 

Ça a été une très belle découverte de voir que l'on n'était pas obligées de se taper dessus en permanence, de se comparer. Dans les fugues italiennes c'est un élément clé. Là, les fugueuses voyagent seules, elles sont contraintes de partir seules, mais elles trouvent un groupe qui est extrêmement bienveillant, parce que l'état d'esprit est le même pour toutes. On vient toutes avec notre bagage personnel mais on a une envie de transparence, d'échanges vrais, sans jugements. Et ça crée à tous les coups des groupes de folie qui s'inscrivent dans la durée. Des groupes de soutien qui sont en dehors de tout référent du quotidien et qui sont très utiles 🥰.

Les fugues italiennes

On ne serait pas bien là ? Loin du quotidien, en Italie, en fugueuses...

Est-ce que vous-mêmes et les fugueuses, êtes des femmes puissantes ?

Moi-même : En parlant de guerrière, je pense au livre de Léa Salamé, Femmes puissantes, et plus particulièrement à l'autrice Leïla Slimani qui dit dans cet ouvrage, qu'une femme puissante, pour elle, c'est une femme qui accepte de déplaire à ses proches. En étant le genre de femme qui s'accorde du temps, en acceptant justement peut-être de déplaire à son conjoint, ses enfants, ses parents... Est-ce que les fugueuses sont des femmes puissantes ?

A. C. : Je ne sais pas si c'est l'idée de femmes puissantes, mais en 2020 on a ouvert un e-shop "Ali di Firenze" et le premier produit c'est un t-shirt qui s'appelle "femmes fortes". Quand les femmes me font confiance, partent avec moi, pour moi c'est très très important de leur rendre la pareille et de leur montrer ce qu'elles sont vraiment, parce que souvent, elles ne voient pas comment elles sont vraiment. J'ai vraiment à cœur qu'elles se sentent fortes, en maîtrise, leur dire à quel point c'est déjà incroyable qu'elles fassent une fugue et qu'elles sont sur le bon chemin. 

Ce sont vraiment des femmes qui sont fortes, même si elles n'ont pas l'impression de l'être. Elles le sont vraiment parce qu'elles sont de plus en plus instinctives et je trouve chacune courageuse à sa manière. Après pour ce qui est de déplaire. Je crois en effet qu'il faut se détacher de l'opinion des autres. Avec les fugues j'ai créé une sorte de pellicule isolante des autres. Elle était fine au début et elle est de plus en plus épaisse. Faire des choses qui vont déranger et les commentaires des uns et des autres, je ne dis pas que je n'y pense pas, mais ce n'est plus un frein pour avancer sur mon chemin.

📌

A propos du site

A.C. : La mission centrale de l'eshop, c'est "Italian joie de vivre". On a vraiment ça en tête dans notre e-commerce et on a évidemment cette mission qui est liée aux femmes qu'on accompagne de différentes manières et qui doit pour nous célébrer la singularité de chaque femme. C'est vraiment les deux piliers avec lesquels on a pensé le eshop. Du coup, il y a des objets qui sont des objets de collaboration, par exemple avec l'huile d'olive du Chianti, que l'on va retrouver en fugue, il y a aussi des produits que l'on crée qui sont des objets manifestes parce qu'on avait envie de leur donner du poids et de la signification.

👉 Cet article pourrait vous intéresser : Peur de décevoir, comment je m'en suis sortie ?

Une acnedocte sur une fugue ?

A. C. : Il y a deux ans, on devait partir en fugue à Venise et la veille du départ je me rends compte qu'il y a un niveau historique "d'acqua alta". Il n'y a pas eu autant d'eau depuis les années 1960. Venise est impraticable 😅. Et sans savoir pourquoi, je n'ai pas annulé la fugue, mais on a improvisé une fugue à Trévise qui est à côté, dans le Veneto. Certaines femmes ne sont pas parties, il y a quand même 7 femmes sur 10 qui ont dit "Banco ! Nous, on te suit !".

Tout ça a bien montré l'esprit avec lequel on fait les choses, l'énergie qu'on met dans le groupe, où tout est fait pour que les femmes trouvent un cocon bienveillant de discussion, ça marche vraiment fort. Et on était dans l'essence même de ce qu'est le projet, parce que tout le froufrou, la surprise, tout ça existait sans exister, parce que j'étais beaucoup moins dans la maîtrise que d'habitude.


Merci à Alice Cheron d'avoir répondu à mes questions 👏 ! 

Alice Cheron

Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à consulter le calendrier des prochaines fugues ou à livre son livre "L'appel de la fugue". 

L'avis de la rédaction - L'importance de s'accorder du temps

La fugue maternelle est bien plus qu'une simple escapade entre femmes. C'est votre acte d'émancipation, votre revendication du droit à prendre soin de vous en tant que femme et mère. Prenez conscience de l'importance de votre bien-être. Osez vous éloigner temporairement du quotidien pour vous reconnecter à vous-même. Affirmez votre droit à exister au-delà de votre rôle de mère. Rappelez-vous que prendre soin de soi n'est pas un luxe mais une nécessité, un geste d'amour qui rejaillit positivement sur toute la famille. Alors, n'ayez pas peur de vous offrir ces parenthèses salvatrices, ces bouffées d'oxygène qui font de vous une femme et une mère épanouie. Et si ces moments ne suffisent pas, si le poids du quotidien devient trop lourd, n'hésitez pas à consulter un thérapeute pour vous faire accompagner.

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Article proposé par
Lauriane, Amorim

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