Les femmes en politique, des hommes comme les autres ?

Mis à jour le par Lauriane Amorim

Je connais mes classiques et s'il y a bien un truc dont je me souviens, c'est de chanter, à tue-tête, dans la voiture, Être une femme de Michel Sardou. Je devais avoir une dizaine d'années et je ne trouvais rien de plus subversif que de hurler : "Maîtriser à fond le système, accéder au pouvoir suprême : s'installer à la Présidence et de là, faire bander la France." Certes, on a connu moins sexiste, mais quoi qu'il en soit, depuis ce temps-là féminisme et politique me passionnent, mais est-ce que ça va vraiment de paire ? Quelle est véritablement la place des femmes en politique aujourd'hui et qu'est-ce que ça nous apprend ?

Les femmes en politique, des hommes comme les autres ?
Sommaire : 

Les femmes en politique, elles sont là, non ?

J'entends déjà dire que le problème des femmes en politique, c'est un faux problème. Que maintenant les femmes ont les mêmes droits que les hommes, que l'égalité est acquise, passez votre chemin, merci, bonsoir !

Il est vrai que si on regarde tout ça de loin, en 2022, en France, il n'y a jamais eu autant de femmes candidates à l'élection présidentielle. Elles sont 5 (Nathalie Artaud, Marine LePen, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo et Christiane Taubira) et près de 92 % des Français pensent que le sexe de leur dirigeant est secondaire pour gouverner le pays (sources Fondation Jean Jaurès). 2022, première campagne présidentielle, post MeToo aura sans doute permis de faire avancer les mentalités à ce sujet.

La France et ses voisins

Il n'y a qu'à se pencher vers nos voisins pour constater que là aussi, il n'y a jamais eu autant de femmes à la tête d'un Etat ou d'un gouvernement. En 2021, 22 femmes à travers le monde dirigent un pays et elles sont 12 à la tête d'un pays européens (notons au passage, qu'elles ne sont plus que 11 puisque Angela Merkel a quitté la chancellerie allemande).


🔎 Zoom sur la parité au sein de l'UE : Deux des trois institutions principales de l'Union Européenne sont dirigées par des femmes, Roberta Metsola, présidente du Parlement européen et Ursula Van der Leyen, Présidente de la Commission européenne. Cependant, sur les 27 pays que compte l'Union seulement 6 sont gouvernés par des femmes.

On note aussi que 13 pays comptent plus de 50 % de femmes à des postes ministériels (le Nicaragua en tête) et parallèlement, le nombre de pays où l'on ne compte aucune femme ministre vient aussi d'augmenter, passant de 9 en 2020 à 12 en 2021.

Retour en France : sexisme et plafond de verre

Je vous le disais, 92 % des Français estiment que le sexe de leur dirigeant n'est pas d'une grande importance pour gouverner. J'ajouterais même que 68 % des Français se déclarent féministes (sources CSA). Nous semblons donc tous ensemble prendre le chemin vers la féminisation de la vie politique. Il est vrai que le mouvement MeToo (qui a d'ailleurs aussi bouleversé la vie politique) a permis une prise de conscience et il y a fort à parier que le nombre des féministes de tous sexes est en train de grandir. Mais un bouleversement social et une prise de conscience ne suffisent pas toujours. Parler de féminisme pendant une campagne présidentielle, ne fait pas plus de place aux femmes en politique.

D'ailleurs, la France se situe actuellement à la 34e place mondiale de la parité à l'Assemblée (source Parline UIP), un brin problématique quand on sait que pendant sa campagne, le candidat Macron avait fait de la parité et de l'égalité la priorité de son quinquennat. On dit même qu'il avait parlé (promis ?) d'une femme à la tête du gouvernement. Vous savez ce qu'on dit : "les promesses n'engagent que ceux qui les croient"... Ou plutôt celles...

Pourtant, il y a eu des avancés. En 2017, 47 % des députés La République en Marche élus sont des femmes. Jamais l'Assemblée Nationale n'a été aussi paritaire. Néanmoins, toutes sont restées sous le fameux plafond de verre, puisque dans les principaux postes de pouvoir, les hommes restent sur-représentés. L'Observatoire de la parité note même qu'à l'Assemblée, les postes clés sont occupés à 71 % par des hommes… et Matignon aussi...

Des femmes sous-représentées

Si la parité progresse, notamment au gouvernement, on l’a vu, les postes de pouvoir restent dans les mains des hommes. Seul fait d'armes du président Macron, Florence Parly ministre des armées durant tout le quinquennat. C'est la seule, depuis bien longtemps, qui détient un ministère régalien. Les stéréotypes de genre existent, tant au niveau national que local. Très souvent, quand les femmes sont en politique, elles sont cantonnées aux questions de santé, de solidarité, de petite enfance, d'éducation, pendant que les hommes s'occupent de finances, de ressources humaines, de transport. Cette répartition des rôles est basée sur les stéréotypes de genre, qui voudraient que les femmes aient plus de prédispositions pour ce qu'on appelle le care, le soin et les hommes plus disposés pour la prise de décision, la gestion de l'argent, etc. Et de ce fait, bon nombre de postes clés de la République échappent toujours aux femmes :

  • Aucune femme élue à l'Elysée depuis le début de la Ve République en 1958
  • Deux femmes ont pu accéder au second tour d'une élection présidentielle (Ségolène Royal et Marine Le Pen)
  • Trois femmes à la tête de ministères régaliens (Christine Lagarde aux Finances, Michèle Alliot-Marie aux Affaires étrangères puis à l'Intérieur et Florence Parly aux armées).
  • Une femme seulement a été nommée à Matignon. Édith Cresson, en 1991 et ça n'aura duré que 10 mois.
  • Aucune n'a jamais été choisie pour être secrétaire générale de la présidence
  • Aucune n'a dirigé le Sénat
  • Aucune n'a dirigé l'Assemblé Nattionale
  • Aucune n'a dirigé le Conseil constitutionnel, la Cour des comptes ou encore le Conseil économique, social et environnemental

Postes clés obtenus par des femmes

Un milieu d'hommes ?

Si les femmes ont tant de mal que ça à se faire une place en politique, c'est aussi parce que cet environnement reste marqué par des luttes. Il est perçu comme un milieu violent dans lequel il faut jouer des coudes (j'ai bien dit coudes 🙃) et semble donc de facto exclure les femmes. Il y a en France une réelle difficulté à déconstruire ce modèle inégalitaire, parce que nous sommes encore dans une société patriarcale où le pouvoir est encore bien souvent incarné par les hommes.

Une femme politique est autoritaire

Une femme, pour se faire une place en politique devrait donc adopter, presque toujours, une posture autoritaire. Il n'y a qu'à voir Marine le Pen et son discours guerrier, presque viriliste ou Valérie Pécresse, alias La (nouvelle) Dame de Fer, trop contente de ressortir le karcher de Nicolas Sarkozy. Difficile pourtant de leur en vouloir. C'est que dans ce petit monde, il faut sortir les crocs, qu'on le veuille ou non. Parce qu'une femme qui s'engage en politique c'est toujours une femme qui devra faire face au sexisme, à la misogynie et même parfois aux violences sexuelles. Alors, douce, féroce, bienveillante, empathique ou autoritaire, quelle qu'elle soit au fond d'elle-même, il faut qu'elle joue avec des codes que l'on attribue d'ordinaire aux hommes. Sinon qu'importent les idées, ne reste qu'un sexe et des histoires de robes.

Cris de poules, poissonnière et robe à fleurs

Sans modèle féminin, les femmes en politique pourraient donc souffrir d'un manque d'inspiration, de représentation. Si "l'homme est une femme comme les autres", la femme politique serait donc un homme comme les autres. Soit, mais force est de constater que rien ne va : trop autoritaire ou trop douce, trop sexy ou trop moche, trop discrète ou condescendante, etc. Comme partout, en politique aussi rien ne va pour peu qu'on ait un vagin. C'est un milieu violent, qui nécessite sûrement une grande force de caractère. Mais c'est aussi et surtout un milieu violent pour les femmes qui sont presque toujours victimes de sexisme. J'en veux pour exemple :

  • Mathilde Panot, députée LFI, traitée de "Folle", de "poissonnière", à l'Assemblée nationale alors qu'elle s'apprêtait à prendre la parole.
  • Ségolène Royal félicité pour le choix de la couleur de son tailleur par un maire alors qu'elle était ministre de l'Ecologie
  • Un député de droite qui demande au sujet d'Edith Cresson, alors chef du gouvernement, "elle est bien roulée, tu crois qu'elle a une culotte ?"
  • Les cris de poule d'un député UMP pendant la prise de parole de l'une de ses collègues.
  • La fameuse robe à fleurs de Cécile Dufflot qui lui a valu de nombreuses et lourdes réflexions, parce que c'est bien connu, une robe ça sied mieux à une femme qu'un blue-jean, et je ne caricature pas les propos tenus à l'époque.
  • On pourrait aussi citer un autre sénateur qui donne du "chère amie" à Brune Poirson alors ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire.

Cécile Dufflot et sa robe à fleurs

La célèbre robe à fleurs de Cécile Dufflot commentée à l'Assemblé en 2012.

Pas mieux au niveau local

On pourrait penser que tout ça, c'est après tout le jeu de la politique, dans l'hémicycle, les députées haussent le ton, s'engueulent, s'insultent, c'est la démocratie, avec le petit côté franchouillard en plus. Pourquoi pas. Mais les femmes en politique, ce n'est pas seulement des mandats nationaux. Non, ce sont aussi des mandats locaux, là où beaucoup ont perdu confiance et l'envie de se battre. Sur 1.000 élues interrogées, 3 sur 4 ont subi des remarques ou des comportements sexistes qui leur ont donné envie de quitter la politique. Là, le sexisme est latent, frontal ou plus pernicieux. Comment se plaindre à la police que M. le Maire vous a fait des attouchements, quand M. Le Maire est un ami ?

Conseillère municipale de Marignier en Haute Savoie, Valérie Ferrarini a elle aussi connu le sexisme. Entrer dans une salle sous le bruit des caquètements de poule ou penser à changer de couleur de cheveux pour ne plus se faire traite de "blonde de M. Le Maire". Le résultat, c'est souvent toujours le même, une perte de confiance qui donne envie de se taire pour ne pas voir les portes se fermer ou de tout quitter.


🔎 Zoom sur le syndrome de la Schtroumphette 🔵 : c'est le syndrome qui veut que l'on remarque plus facilement une femme au milieu d'un groupe d'homme. Par exemple, si une femme devient maire, on aura 10 articles sur le sujet, mais si 10 hommes deviennent maires, personne ne sera là pour constater qu'il y a encore 10 hommes maires.

Auto-censure toujours

Alors oui, il y a un plafond de verre et du sexisme, encore et toujours et il en découle alors presque inévitablement une auto-censure. 🙅‍♀️

On le sait, les femmes sont sur représentées dans le travail invisible. On les retrouve donc souvent bénévoles, engagées dans des associations, mais peu nombreuses dans les partis politiques. Là aussi la réalité frappe et la réalité, c'est un chiffre, 98 % des congés parentaux sont pris par des femmes, elles accomplissent aussi 80 % des tâches ménagères et sont 76 % à s'occuper seules des missions liées à la vie scolaire (sources fondation Jean Jaurés, novembre 2016). Comment donc concilier une vie professionnelle, une vie de famille et une vie militante ? D'autant plus quand cette vie militante, cette vie politique est faite et fabriquée par des hommes qui oublient les contraintes d'organisations qui s’imposent, le plus souvent, aux femmes.

>>> Cet article pourrait vous intéresser : Auriez-vous peur de réussir ? Stop à l'auto-censure !

Les femmes avancent et se heurtent 🧱

N'insultons pas l'avenir. Dans quelques mois nous connaîtrons peut-être notre première présidente de la République, mais jusqu'à ce que ça arrive, on ne peut que noter qu'en politique, les femmes avancent, mais continuent à se heurter à un monde organisé par et pour les hommes. La situation évolue, c'est incontestable, mais celles qui se lancent dans l'aventure politique doivent batailler contre le sexisme, les stéréotypes et aussi contre ce que l'institut Catalyst désigne comme les "normes masculines du pouvoir" : l'esprit de clan, la concurrence, le refus de l'émotion, de l'empathie, de l'écoute et la compétition permanente. Quant à la solidarité féminine, elle est rare et survit souvent très peu. D'autant qu'il n'existe pas de "vote de femmes". Si les féministes espèrent des femmes de pouvoir, le fait d'être une femme n'est pas un argument électoral, même auprès des femmes.

"En France, les femmes ne sont pas assez bien organisées et pas assez solidaires."

"En France, les femmes ne sont pas assez bien organisées et pas assez solidaires." Marlène Schiappa.

Plus d'égalité en politique, c'est possible ?

Il existe des initiatives, comme l'organisme "élues locales" qui aide, soutien, forme et donne des outils aux femmes, notamment pour faire face aux violences présentes en politique. On peut aussi éviter les réunions après 18h, former les hommes, mais il faut aussi que les femmes apprennent à faire preuve de davantage de bienveillance entre elles. 👭 C'est en échangeant et en se soutenant que l'on devient plus forte ensemble, que l'on se donne confiance, les unes les autres, mais aussi confiance en soi. Nous devons rechercher la parité en politique, parce qu'il faut une vie politique exemplaire, pour un pays exemplaire.

L'avis de la rédaction : des normes masculines du pouvoir qu'on retrouve aussi en entreprise...

Que ce soit en politique ou en entreprise, nous nous heurtons toutes aux fameuses normes masculines du pouvoir : esprit de clan, concurrence, refus de l'émotion, de l'empathie, de l'écoute et compétition permanente. Alors comment trouver sa place ? Comment imposer ses propres codes ? Comment exploser ce plafond de verre ? Si vous ne parvenez pas à vous épanouir dans votre vie professionnelle, que vous peinez à trouver votre place, votre style, n'attendez pas pour contacter l'un de nos coachs.

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Sources : La démocratie contre les femmes ? Marlène Schiappa - Fondation Jean Jaurès
Les femmes encore largement sous-représentées en politique - Les Echos

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