« Tous ces regards qui me mangent … Ha, vous n’êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. Alors, c’est ça l’enfer. Je n’aurais jamais cru … Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril .. Ah ! Quelle plaisanterie. Pas de besoin de gril : l’enfer c’est les autres » Huit clos, Jean-Paul Sartre
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"L'enfer c'est les autres", est une phrase écrite par Sartre dans sa pièce Huit clos, en 1943. Pour Sartre, l'autre, autrui est ce qui nous prive de notre liberté et nous enferme dans une nature donnée. Aujourd'hui il est drôle de constater comme, à la fois le huit clos et autrui comme un enfer, sont plus que jamais d'actualité.
L'enfer c'est les autres dans le huit clos
Dans la pièce de Jean-Paul Sartre 3 personnes arrivent en enfer et comprennent qu'il n'y aura pas de bourreau car chacun est le bourreau de l'autre. Ils vont devoir vivre éternellement en coexistant, en se supportant. Ça vous rappelle quelque chose ? Dites-vous que vous avez au moins le loisir de sortir vous promener 1 heure ! Blague à part, personne n'est fait pour vivre 24h/24h sous le regard d'un autre. Plus que jamais, l'autre, celui qu'on aime pourtant, semble respirer notre oxygène et pénétrer une intimité sacrée.
L'importance de la bulle
Pour que la promiscuité ne devienne pas insupportable, il faut mettre en place une bulle. Pas besoin de vivre dans un 3 pièces pour s'enfermer dans sa bulle, il faut juste faire comprendre à l'autre, même si on est dans la même pièce, que là maintenant, on veut rester seule. Pas le peine de nous parler, d'attirer notre attention, de proposer quoi que ce soit, là maintenant on s'accorde un moment à soi.
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L'enfer c'est les autres en dehors du huit clos
Confinez-vous, confinez-vous, moi je me barricade ! Armée de mes masques et de mon gel hydroalcoolique, le premier qui approche à moins d'1 m 50 va comprendre sa douleur. Quelqu'un tousse derrière moi et je prends mes jambes à mon cou, avant de courir me laver à l'eau bouillante, toute habillée. Il faut dire que la menace semble être partout et que tout le monde est suspect. Le virus destructeur peut se nicher partout, alors on tend à préférer jeter son chariot dans le rayon chips du supermarché, plutôt que de frôler la personne qui nous croise. "Quand on aime ses proches on ne s'approche pas" chantonne la publicité, raison de plus pour que je ne m'approche pas de ceux qui ne me sont pas proches. Et on se dévisage avec ce qui nous reste de visage, se demandant qui le premier tuera l'autre, malgré tous les gestes barrières. Glaçant ! Bonjour l'anxiété généralisée.
L'avis de la rédaction - Savoir raison garderBien que la promiscuité soit redoutée, on sait qu'on ne peut pas vivre sans câlins, sans se toucher. Aujourd'hui c'est interdit, mais demain ? Il faudra un jour cesser de penser que l'enfer c'est les autres. Les autres c'est aussi la vie, notre vie. Si nous continuons de faire grandir les murs entre nous, comment pourrons-nous à nouveau espérer vivre ensemble et sortir plus humain de notre huit clos. Car cesser un jour de se redouter et se voir sans méfiance c'est bien choisir l'humanité, le civisme, le collectif... bref, c'est choisir la vie, et on en a bien besoin. |
Vous savez ce qu'il y a de bien avec le confinement ? Parfois il rapproche les gens.
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